Le Saint Qour’an nous dit : « Nous avons donné la dignité et l’honneur à l’être humain » ; « J’ai insufflé Mon esprit en lui » ; « L’être humain est Mon calife (représentant) sur Terre » ; « Je vous donne une fitrah divine qui demeurera toujours là et ne changera jamais ».
Selon un hadith, chaque bébé naît avec une belle fitrah, une bonne compréhension. Selon un autre hadith, les enfants sont très spirituels.
Malgré toutes ces belles informations que nous avons sur l’être humain, nous ne lui faisons pas confiance. J’aimerais vous parler aujourd’hui d’un ouvrage de Carl Rogers, célèbre psychologue et psychothérapeute américain, fondateur de l’approche centrée sur la personne. Il a écrit Le développement de la personne en 1961. Il a reçu des milliers de patients pendant 30-40 ans et ses patients venaient le voir pour différents problèmes que ce soit la dépression, le manque de confiance en soi, l’anxiété, l’addiction etc. Imaginez toutes ces personnes qui sont allées le voir pour trouver une issue à leurs problèmes et essayer d’avoir une vie convenable et d’être heureux et reprendre le contrôle de leur vie.
À un moment donné de sa carrière, il décide de revenir en arrière sur les sessions qu’il a menées. Il décide d’analyser également les sessions de ses collègues. Il réécoute les enregistrements pour les sessions enregistrées et il revoit ses notes pour faire un bilan et voir comment se fait le développement personnel. Il s’intéresse au parcours du client du début de la thérapie jusqu’à sa fin, jusqu’au moment où il va mieux et peut gérer sa vie et met donc fin à la thérapie. Carl Rogers veut savoir quelles sont les étapes par lesquelles le patient passe.
Nous avons tous eu des moments de difficultés et durant ces moments, nous avions l’impression que nous ne pourrions pas gérer ces difficultés. Nous souffrions tellement. Et pour ceux qui ont réussi à passer ce cap, nous ne savons pas vraiment ce qui a changé. Les différentes étapes de la guérison et du développement personnel ne sont pas claires pour nous. Carl Rogers s’intéresse à découvrir dans quel type de session le client se sent le plus aidé, le plus soutenu. Quel est l’environnement des sessions qui mènent vers le développement ? Quel type d’attitude de la part du thérapeute incite le client à aller vers la guérison ?
Et Carl Rogers dit : « J’ai remarqué que les sessions dans lesquelles l’attitude du thérapeute est un respect et une considération inconditionnelles positives envers le client sont celles qui apportent le plus de développement et de guérison. » En quelque sorte, le thérapeute dit : « Peu importe ce que vous avez fait, peu importe vos actions, je vous accepte comme une personne, j’accorde de la valeur à votre âme et je suis ici pour vous aider à trouver votre voie pour que vous réussissiez à trouver des solutions à vos problèmes. » Cela ne veut pas dire que je suis content de toutes les actions que vous avez faites mais aucune chose que vous me dites ne me poussera à vous dire que je ne veux plus vous aider. Je suis là pour vous inconditionnellement afin de vous aider à devenir la personne que vous voulez être. Carl Rogers établit alors cette règle générale. Dans n’importe quelle relation, si vous voulez que votre présence soit utile à la personne en face de vous, dans son développement, il doit y avoir un respect et une considération inconditionnelles positives. Peu importe ce que la personne a fait, vous devez l’accepter et l’aider à s’accepter et à trouver des solutions pour elle.
C’est fascinant car Imam Ali (a) dit dans le Mounajat-e-Shabaniyyah : « Dieu, je n’ai pas la force, je n’ai pas la capacité de changer et de me débarrasser de mes défauts sauf durant les moments où je me sens aimé. » Imam Ali (a) nous dit que même entre Dieu et nous, il y a tellement d’attitudes possibles. Par exemple, nous pourrions craindre Dieu, nous pourrions penser que Dieu nous déteste etc. Imam Ali (a) nous dit que si vous voulez être dans une relation avec Dieu de sorte qu’elle conduit à votre développement, vous devez ressentir l’amour inconditionnel positif de Dieu. Cela ne veut pas signifier l’acceptation des actions, cela veut dire l’acceptation de moi en tant que personne. Dieu est là pour vous aider à changer et à vous développer. Et peu importe ce que vous avez fait, Il est toujours là.
Cela concerne toutes les relations, que ce soit la relation entre un thérapeute et son client, entre Dieu et nous, entre un père et son fils, au sein d’un couple et même dans la relation avec moi-même, tant que je ne m’accepte pas pleinement, je ne pourrai pas entreprendre ces étapes vers le développement.
Voyons les différentes étapes par lesquelles le patient passe lorsqu’il va voir un thérapeute. Au début de son parcours, la personne a l’impression de ne pas avoir le pouvoir sur son propre destin. Et même si elle ne le dit pas clairement, c’est une croyance cachée à l’intérieur d’elle. La personne lie beaucoup de choses qui lui sont arrivées à des facteurs externes. Elle n’est pas connectée avec ses propres sentiments. Petit à petit, au fur et à mesure de la thérapie, la personne devient plus consciente de ses sentiments et même de ses sentiments cachés et commence à accepter cette partie d’elle qu’elle avait supprimée, qu’elle avait étouffée pendant si longtemps.
Elle commence à comprendre sa responsabilité dans ce qui arrive. Vers la fin de la thérapie, ce qui nous intéresse le plus, la personne commence à se rendre compte qu’à l’intérieur d’elle, il y a un centre, une force, un soi qui sait ce qu’il faut faire, qui sait quelles sont les bonnes décisions à prendre, qui a le pouvoir de guérir peu importe le passé que la personne a eu. Ce centre, cette force, peut faire face à n’importe quel problème et trouver la solution.
Quand nous avons l’impression que nous n’arrivons pas à faire face à nos défis et difficultés, quand nous avons l’impression d’être complètement accablés, quand nous avons l’impression que nous ne réussirons pas à gérer cette difficulté, c’est parce que nous ne sommes pas connectés à cette partie de nous. Et la plupart des gens ne sont pas connectés. C’est au fur et à mesure de leur parcours qu’ils enlèvent petit à petit les blocages qu’ils ont, les mécanismes de défense qu’ils ont, et qu’ils réussissent à avoir accès à une partie d’eux qui est si forte qu’on a l’impression qu’elle peut faire face à tout. Beaucoup d’entre nous n’avons pas encore accepté combien nous sommes forts, qu’il y a une fitrah en nous qui sait parfaitement discerner le bien du mal et qui peut faire face à n’importe quelle situation.
Pourquoi la plupart d’entre nous ne sont pas connectés à cette partie en nous ? Pourquoi, la plupart du temps, nous avons l’impression que nous ne pourrons pas faire face à cette situation ? Parce que la façon dont la religion nous a été enseignée n’a pas respecté, n’a pas apprécié cette partie de nous. Et elle a même fait l’opposé.
Si vous voulez qu’une personne se rende compte qu’elle a en elle une force innée et une capacité à discerner le bien du mal, que ferez-vous ? Imaginez que vous avez un enfant devant vous et que vous voulez qu’il croie qu’il y a en lui une chose qui est si forte qu’il peut faire face à n’importe quel problème et cette force lui permet de distinguer le bien du mal. Comment est-ce que vous allez enseigner à cet enfant pour que quand il atteint l’âge de 20-30 ans, il soit persuadé qu’il est spécial, il soit persuadé qu’il y a cette force en lui, qu’il peut faire toute confiance en lui ?
Laissez-moi vous dire comment nous traitons nos jeunes et nos adolescents au nom de la religion. Nous ne les autorisons pas à avoir leur opinion. Et j’aimerais préciser ici que je ne veux pas porter de jugement sur qui que ce soit. En tant que parent, nous faisons souvent de notre mieux. Le problème ne vient pas de l’individu mais du système. Nous avons tendance à dire : « Voilà ce que tu dois faire et voilà ce que tu ne dois pas faire. Voilà toutes les règles et maintenant, vas-y et vis comme cela ». Nous donnons aux jeunes une liste de choses à faire et une liste de choses à ne pas faire. Et nous voulons qu’ensuite, ce jeune se débrouille et fasse comme on leur a dit. On ne laisse pas l’enfant réfléchir pour que cette partie en lui s’éveille. On ne lui permet pas de découvrir les réponses par lui-même. Et même quand l’enfant ou le jeune pose des questions, nous le faisons taire au plus vite. Imaginons par exemple que mon fils vient me voir et me dit : « Maman, je veux sortir avec une fille. » Comment est-ce que je réagirais ? Très certainement, je lui dirais : « Non, non, tu ne peux pas. » Et si mon jeune fils insiste et me dit : « Mais pourquoi est-ce que je ne pourrais pas sortir avec une fille ? » La réponse que je donnerais serait certainement : « Non, c’est haram, ne parle pas de ça, ne pense pas à ça. » J’aimerais préciser ici que je ne suis pas en train de vous dire que c’est halal ou ce n’est pas halal. Je parle juste de la façon dont c’est expliqué, la façon dont nous passons l’information. Nous tuons la fitrah. L’enfant a cette fitrah innée à l’intérieur de lui. Et cette fitrah dit : « Donnez-moi des informations, je sais ce qui est bien et ce qui est mal. »
En fait, l’enfant vient voir son père ou sa mère et veut qu’il ou elle lui donne des informations car il peut et sait traiter ces informations. En fait, il veut les ingrédients et il réussira à tirer la conclusion la plupart du temps. Mais nous ne faisons pas cela. Nous leur disons : « Voilà la réponse finale ». Par conséquent, l’enfant n’utilise jamais sa capacité de penser et de réfléchir. Et tant que vous avez le contrôle, il vous écoute mais dès que vous n’avez plus le contrôle, étant donné qu’il n’a pas utilisé sa fitrah, il va faire ce qu’il veut. Alors qu’aurions-nous pu faire ? Nous aurions pu parler et expliquer. Nous aurions pu lui expliquer ce que signifie sortir avec une fille : qu’est-ce qui peut arriver, quels sont les risques, quels sont les défis, quels sont les conséquences d’un tel acte. Et ensuite, nous devrions faire confiance à la fitrah de notre enfant. Nous devrions nous rendre compte qu’il a quelque chose à l’intérieur de lui qui le guidera. Le problème c’est que la plupart des parents, des professeurs et des érudits ne pensent pas que si nous parlons à notre enfant, il fera la bonne chose. Nous pensons qu’il faut le forcer. Combien de temps pouvons-nous forcer quelqu’un ? Quand notre enfant quittera la maison, que fera-t-il ? Voulons-nous lui faire peur ? Quelle est l’attitude à avoir ? Voici mon opinion. En tant que parent ou leader religieux, nous ne devrions pas dire aux gens ce qu’ils devraient faire ou les forcer.
Revenons à la thérapie. Dans une session de thérapie idéale, comment est-ce que le thérapeute peut aider le client de la meilleure façon ? Les bons thérapeutes disent qu’il ne faut jamais dire aux clients ce qu’ils doivent faire. C’est inutile. Tant que la solution vient de l’extérieur, la personne ne changera pas. Nous devrions aider la personne à chercher sa propre solution. Tant que la solution viendra de nous, la personne ne l’acceptera pas. Et vous pouvez l’essayer avec vos amis. La solution doit venir de la personne elle-même. En tant que thérapeute, vous devez faire confiance à votre client. Vous devriez croire profondément que peu importe les circonstances, votre client a la capacité, le potentiel en lui qui lui permettra de trouver la solution à son problème. Quel est alors votre rôle ? Le client essaye de découvrir les différentes solutions mais il est seul, il est au milieu de ses problèmes et a du mal à prendre du recul et tout voir. Il souffre, il a du mal à se focaliser. En tant que thérapeute, vous devriez mettre à la disposition de votre client votre esprit, votre expérience, votre sagesse. Ainsi, c’est comme si vous disiez : « Ne vous fiez pas seulement à votre esprit pour trouver la solution, servez-vous également du mien. »
Imaginez par exemple que vous vouliez en savoir plus sur la cryptomonnaie. Vous allez faire des recherches. Vous allez peut-être utiliser Google. Vous utilisez un outil pour mieux comprendre mais ensuite, c’est vous qui allez traiter les différentes informations que vous allez trouver sur Google. C’est vous qui allez analyser les différentes opinions sur la question. Et c’est vous qui prendrez la décision par exemple d’investir votre argent dans la cryptomonnaie ou de ne pas le faire.
Le thérapeute joue le même rôle. Vous me dites comment vous vous sentez par rapport à votre vie et je vous aide à dénouer les choses. Je traite cette information. Par exemple, je pourrais vous demander, est-ce que ça pourrait être à cause de ça ? Je vous dis ce qui se passe dans mon esprit quand vous me dites quelque chose. Et je vous donne cette information pas pour vous forcer à quelque chose et même pas pour vous dire que ce que je ressens est correct. Mais simplement pour que vous puissiez voir votre vie d’une perspective extérieure. Une autre chose que je vais faire en tant que thérapeute, c’est refléter ce que vous dites pour que vous puissiez le réentendre. Le rôle d’un parent et d’un érudit doit être similaire. Quand mon enfant vient me voir pour quelque chose, je ne peux pas imposer mon style de vie à mon enfant. Chaque individu doit pouvoir décider du type de vie qu’il veut avoir.
Je vais rendre toute ma sagesse, tout mon savoir, toute mon expérience disponibles pour vous. En gros, je vous dis : « Utilisez-moi pour prendre une meilleure décision. Dites-moi ce que vous avez envie de faire, je vous dirai ce que je ressens. Je vais partager avec vous les expériences que j’ai à ce sujet. Vous êtes le meilleur à pouvoir prendre la meilleure décision pour vous, même si vous ferez peut-être quelques erreurs. Qui n’a pas fait d’erreurs ? Le procédé est d’utiliser votre fitrah et arriver à la meilleure solution.
Un de mes amis me racontait à propos de son jeune frère qui voulait avoir un certain style de vie à l’université. Il a dit à son grand frère : « Je veux faire ci et ça ». Il voulait profiter de sa vie à fond. Comme beaucoup de gens, le grand frère aurait pu lui dire : « C’est haram, ce n’est même pas la peine de m’en parler, khouda hafiz. » Quand vous dites à quelqu’un que c’est haram, il va le faire quoi qu’il arrive. Vous ne lui donnez pas d’informations. Vous lui faites juste peur. Vous lui dites : « Ne fais pas ça » mais quand il est pris par la tentation, il n’y a rien à l’intérieur de lui pour l’arrêter. Ce que vous faites, c’est développer de la crainte en lui. Vous lui faites peur et la peur est une émotion donc dès que la tentation sera trop forte, il fera cette chose. Je connais beaucoup de gens qui tombent dans le panneau. Ils savent que c’est haram mais ils le font car personne ne leur a expliqué pourquoi ils ne devaient pas faire certaines choses. Personne n’a convaincu leur fitrah. Et les conséquences sont très lourdes. Parfois ces personnes se détestent, elles ressentent tellement de culpabilité en elles. Cela affecte parfois leurs relations futures. Cela crée de gros dégâts. Le grand frère a dit à son jeune frère : « Je ne vais pas te dire ce que tu dois faire ou ce que tu ne dois pas faire car beaucoup de gens m’ont dit ci et ça et je ne les ai pas écoutés. » Vous voyez tout de suite l’honnêteté du grand frère. Il ouvre son cœur. Il continue : « Mais laisse-moi te dire ce qui m’est arrivé. Quand j’étais jeune comme toi, j’avais moi aussi envie de vivre la vie à pleines dents et j’ai fait beaucoup de bêtises. Voilà ce qui m’est arrivé. Quand je regarde en arrière, je me rends compte que j’étais tellement concentré à profiter au maximum de la vie que j’ai fini par briser le cœur de quelques personnes. Et aujourd’hui, cela me dérange vraiment. » Il a partagé ses expériences avec son frère. En gros, il lui a dit : « Voici ma vie, tu peux l’utiliser pour avancer. » Ainsi, la seule façon dont une personne peut se développer c’est en commençant à prendre des décisions pour elle-même et par elle-même. Ne forçons pas. Partageons notre savoir et notre expérience. Disons par exemple : « D’après mes lectures, d’après la façon dont je vois le monde, faire ci aura telle conséquence. » Si nous ne faisons pas cela, cela veut dire que nous ne traitons pas les gens comme des humains mais comme des machines ou des animaux.
Ayatollah Beheshti ou Shahid Motahhari a dit : « Vous pouvez forcer votre enfant à prier ou à lire le Qour’an mais à ce moment-là vous aurez un animal accomplissant la prière ou lisant le Qour’an car, étant donné qu’il ne choisit pas librement, il n’est pas un inssan. Ce n’est que si vous lui laissez la liberté, si vous respectez sa liberté, sa fitrah et qu’il fait la chose correcte qu’il est un inssan. Nous devrions atteindre un stade dans notre vie où nous ressentons que même si personne ne nous empêche de faire quelque chose, nous ne voulons pas la faire car nous avons vu la beauté de faire la chose correcte. Je suis sûre que beaucoup d’entre vous avez réussi à atteindre ce stade, peut-être après quelques expériences. Par exemple, s’il vous arrive un jour que quelqu’un qui est proche de vous trahit votre confiance et que vous souffrez beaucoup, vous allez alors vous dire, je ne vais jamais trahir la confiance de quelqu’un. Et cette décision que vous allez prendre est différente d’une circonstance dans laquelle quelqu’un vous dit : « Si tu trahis la confiance de quelqu’un, c’est haram. Tu iras en enfer. » Quand vous le sentez à l’intérieur de vous, c’est si différent.
Source : https://youtu.be/BkltmRtalyw?si=mIjIcFYUlXehCBko
Traduit par l’équipe Shia974 ✨