Sayed Ammar Nakshawani – La mort : Sommes-nous prêts ?
Vendredi 24 Avril 2020 – 1er Ramadhaan 1441 [Suite]
Nous avons peur de la mort en raison de notre façon de vivre. Nous vivons d’une telle manière qui ne nous permet pas de mourir. Une personne peut venir et dire « Si le degré de foi d’un musulman dépend du fait qu’il est prêt à mourir ou non, alors je suis prêt en commettant le suicide. »
Certes, le suicide prouve que la personne n’a pas peur de mourir mais la base du suicide est différente. Se suicider ne veut pas dire accepter le long voyage qui nous attend ou le développement de l’âme en quelque chose de beaucoup plus grand et éventuellement, la rencontre avec le Tout-Puissant.
Au contraire, il s’agit d’une décision prise suite à un découragement ou un désespoir face à la miséricorde d’Allah (swt). Le suicide est interdit dans l’Islam :
« Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous. » (4 : 29)
Peut-être que ceux qui se suicident ont dû faire face à des problèmes que nous ne pouvons pas imaginer.
Nous vivons une vie plutôt paisible si nous nous comparons à ceux qui vivent en Syrie, au Yémen, en Irak et la façon dont ils perdent des membres de leur famille.
Nous ne devons pas sous-estimer les personnes qui se suicident. Ils méritent que l’on récite pour eux la prière de Janaza et que l’on accomplisse le ghousl et le kafan normalement.
Peu importe la difficulté dont vous faites face, dites-vous que la mort n’est pas la fin. La mort ne fait que partie du voyage où la finalité est le bonheur.
Un jour arrivera où la justice sera rétablie et où les personnes injustes seront mises à l’épreuve.
Lorsqu’elle était à Karbala, Zaynab bint Ali (ahs) ne pensait qu’à la finalité. Elle pensait à la récompense en disant à ses oppresseurs qu’Allah (swt) est Juste.
Une personne qui commet le suicide place Le Créateur au même niveau que les créatures puisque le suicide revient à dire au Seigneur « Même Toi, Tu ne peux pas changer ma situation. » Il s’agit d’une approche très arrogante face à un Dieu aussi Bienveillant et aussi Miséricordieux.
Un grand philosophe a regardé la mort dans les yeux sans avoir peur : Socrate. Son discours sur la mort et sur la vie après la mort est exceptionnel et est corrélé avec la perception que nous, les musulmans, devrions avoir de la mort.
Socrate n’avait pas peur de la mort car il était toujours fidèle à ses principes : les actions au-dessus de la méthode.
Quand on lui a demandé à propos de la mort, il a dit : « Je ne vous donnerai pas tous les détails de la vie après la mort, je ne peux pas. Mais il y a deux possibilités : Soit, il s’agit d’un sommeil éternel ou soit, il s’agit d’une autre vie, d’un rendez-vous avec nos bien-aimés. »
S’il y a bien une vie après la mort, ce sera une chance pour nous de rencontrer ceux que nous avons toujours souhaité rencontrer. Vous me demandez d’avoir peur de la mort ? Vous me demandez si je suis prêt à mourir ? La mort nous permet de rencontrer et de nous asseoir près du Saint Prophète (saw) et de sa Sainte Famille, de discuter avec lui, de lui poser des questions sur son histoire, sur l’histoire de l’Islam. C’est une occasion pour nous de discuter avec chaque membre des AhloulBayt (as) !
Socrate dit ensuite : « L’âme continuera à vivre mais le corps mourra. Ainsi, cultivez votre âme car c’est la seule chose qui perdurera. »
Durant ce mois béni de Ramadhan, nous ne devons pas nous focaliser sur notre corps mais plutôt sur notre âme.
Comment atteindre cet équilibre de purification entre le corps et l’âme ? Imam Ali (as) a dit : « Travaillez pour votre vie d’ici-bas comme si vous allez vivre éternellement et travaillez pour l’autre vie comme si vous allez mourir demain ».
Quand vous regardez le Saint Prophète (saw) et sa Sainte Famille, vous découvrez qu’ils avaient tous une approche beaucoup plus positive de la mort. Le Saint Prophète (saw) disait : « Vous n’avez pas été créés pour mourir, au contraire, vous avez été créés pour vivre éternellement, vous passez uniquement d’une maison à une autre. Les âmes sont étrangères et les corps sont prisonniers. »
Imam Ali (as) a dit : « La mort est l’une de ces 3 choses : une bonne nouvelle pour les croyants qui nous aiment et nous obéissent, une mauvaise nouvelle pour les non-croyants et une période de suspens pour ceux qui sont injustes envers eux-mêmes. Nulle crainte, notre intercession leur viendra en aide. »
Imam Hassan (as) a dit : « La mort est le plus grand bonheur du croyant, il quitte une demeure en détresse pour un éternel bonheur. »
Imam Houssayn (as) dit : « Ô enfants des âmes nobles, sachez que la mort est un pont des difficultés de ce monde vers le Paradis et le bonheur éternel. Qui ne voudrait pas laisser la prison de ce bas-monde pour rejoindre les palais éternels de l’au-delà ? »
L’Imam Zayn al Abidine (as) décrit la mort comme le fait de changer des vêtements sales et de porter de plus beaux vêtements.
Cette façon de penser avait un impact sur le point de vue que les compagnons avaient de la mort. Ils avaient atteint un tel stade qu’ils regardaient la mort droit dans les yeux et prêts à se faire crucifier à un arbre comme Maytham-e-Tammar. Il était un être unique. Si quelqu’un nous disait qu’on allait se faire pendre à un arbre, nous aurions pris le premier vol et serions parti à l’autre bout du monde pour y échapper.
Il savait qu’il aimait et obéissait Imam Ali (as). Imam lui a un jour montré l’arbre et lui a dit : « Ô Maytham, un jour, tu te feras crucifier sur cet arbre en raison de l’amour que tu portes pour moi. »
Maytham-e-Tammar avait l’habitude d’arroser cet arbre !
Ces compagnons priaient et jeûnaient comme si c’était leur dernier acte d’adoration !
Maytham-e-Tammar, Habib ibn Mazahir et Roushayd-e-Hajari étaient à Koufa. Habib ibn Mazahir apprit que sa tête allait défiler dans les rues de Koufa mais il était prêt. Les gens n’arrivaient pas à réaliser leur sang-froid face à la mort qui les attendait.
Traduit par l’équipe Shia974