Majaliss 13 Safar 1430 de Moulla Mustafa Moledina

Poursuivant la thématique relative à la rancœur, nous pouvons affirmer que celle-ci est une maladie destructrice qui anéantit notre communauté en aveuglant ses membres. C’est cette même rancœur, transmise de génération en génération, qui fut l’une des causes même de la tragédie de Karbala. C’est également la rancœur qui poussait les gens à combattre l’Imam Ali (a). C’est encore et toujours la rancœur qui engendre d’innombrables problèmes politiques au sein de nos communautés.

Allama Nassir Makarim Shirazi affirme que nous pourrions transformer notre ici bas en paradis si nous épurions nos cœurs de toute antipathie. L’une des voies royales pour parvenir à cette purification du cœur est la récitation de duàs. En ce sens, il existe certains moments privilégiés pendant lesquels Dieu nous ouvre les portes de Sa bénédiction : pendant la récitation de l’azàne et de l’iqàmah par exemple, lors de l’accomplissement du wouzou, entre la fin du sermon du vendredi et le début de la prière de Jum’a ou encore au moment d’entrer dans le Masjid. Il est regrettable que beaucoup d’entre nous, au lieu de profiter de ces précieux instants pour invoquer Dieu, perdent leur temps à papoter.

Dans le hadeeth-e-qudsi, Allah (s) s’exprime en ces termes : « Je m’étonne de celui qui, avant d’accomplir la prière, nettoie son corps, mais pas son cœur ! ». C’est pourquoi, lorsque nous accomplissons nos ablutions par exemple, nous devrions avoir conscience qu’il ne s’agit pas seulement d’une purification physique mais aussi d’un « décrassage intérieur » nous poussant à retirer de nos cœurs tout mauvais sentiment telles la rancune, la jalousie et la haine.

Il est évident que lorsque plusieurs individus se côtoient de façon régulière, conflits et autres frictions prendront naissance de facto. Il nous arrive parfois même de faire des erreurs sans le vouloir expressément. Par exemple, quelqu’un qui fume une cigarette oublie parfois que la fumée issue de sa cigarette est plus nocive pour le non fumeur qui se trouve aux alentours que pour le fumeur lui-même. Par ailleurs, citons également l’exemple de la célébration des mariages dans notre communauté ; il arrive parfois que nous filmons des jeunes femmes sans leur voile, alors qu’elles portent le hijaab à l’extérieur. Il s’agit là d’un « zoulm » (injustice) dont nous n’avons pas forcément conscience. Il semble donc fondamental de réveiller nos consciences et de mettre un terme à toutes ces pratiques perverses qui nous éloignent de Dieu et salissent nos cœurs. N’éprouvons nous donc aucune honte à célébrer d’une part le nikkah de nos enfants au sein de l’imambarghah, où sont présents nos ahl-ul-bayt, et d’organiser ensuite de fastueuses cérémonies, mêlant mahram et na mahram, baffouant ouvertement les règles du hijaab, au sein même de nos mosquées ?

Heureusement toutefois que les portes du repentir restent encore ouvertes. En effet, nous avons encore, alhamdulillah, les possibilités de nous faire pardonner nos mauvaises actions du passé et de pardonner aussi aux autres En effet, le Saint Prophète (s) affirme qu’ « Allah fera miséricorde à ceux qui sont miséricordieux. ». Il est donc important de pardonner aux gens. Malheureusement, certains d’entre nous sont tellement rancuniers qu’ils refusent de pardonner leurs proches même s’ils sont décédés, leurs cœurs sont tellement endurcis qu’ils souhaitent même voir leurs défunts souffrir dans leurs tombes à cause de certaines de leurs erreurs !

L’ayatoullah Dasteghayb rapporte que l’Imam Ali (a) accompagne tous les mo’mines lorsqu’ils sont à l’agonie. Mais si notre intérieur est souillé, et nos cœurs sont endurcis, croyez vous que le Maître des Croyants nous viendra en aide dans notre tombe ?

Par ailleurs, il convient de noter que Dieu n’accepte notre repentir que sous réserves de certaines conditions. Il faut d’une part compenser le mal que nous avons fait, en accomplissant par exemple les qazas de nos prières non accomplies, ou encore en priant sincèrement pour la personne que nous avons médis, et d’autre part, promettre de ne plus refaire cette même erreur une deuxième fois.

Selon un hadiçe de l’Imam Ali (a), un véritable mo’mine est celui qui n’effectue jamais le genre d’actions qui entraîne son humiliation, c’est-à-dire qu’il n’agresse jamais personne et n’a donc jamais à s’excuser.

Lorsque nous récitons la ziyaraté Ashoura, nous prêtons serment à Imam Hussein (a) en lui affirmant que nous aimons tous ses partisans (i.e. tous les shiites), cela signifie que nous entretenons des rapports amicaux avec l’ensemble des membres de la communauté. Ainsi, si nous ne voulons pas que nous-mêmes nous soyons parmi les hypocrites quand nous récitons cette ziyarat, nous devons nous assurer que nous n’éprouvons aucune antipathie envers nos frères de religion.

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Date

27 mai 2020