L’Héritage d’un Martyr Ayatoullah Sheikh Baqir al-Nimr

Qui était Sheikh Nimr?

Sheikh Nimr Baqir al-Nimr était un érudit révolutionnaire et le leader de la minorité musulmane opprimée d’Arabie Saoudite. Il a grandi en Arabie Saoudite et a consacré des années à étudier dans les Hawzas d’Iran, avant de repartir dans la province d’al-Awamiyah dans l’Est de l’Arabie Saoudite.

Connu pour sa nature franche (directe) et n’ayant peur de rien, Sheick était le pionnier[1] de tous les défenseurs des droits de l’Homme et des minorités opprimées d’Arabie Saoudite, et non pas uniquement la population musulmane shiite.


Quand a-t-il été capturé ?

Durant les protestations de 2011-12 en Arabie Saoudite, Sheick al-Nimr a appelé les protestants à résister aux tirs de la police en se servant du “rugissement de la parole” plutôt que de la violence et il prédit que le gouvernement serait renversé si la répression continuait.

Le 8 juillet 2013, la police saoudienne lui a tiré une balle à la jambe et l’a arrêté dans ce que la police a décrit comme “un échange de coups de feu”. Sheick al-Nimr commença une grève de la faim et fut torturé.

Le 15 octobre 2014, Sheick fut condamné à mort par le Tribunal Criminel Spécialisé pour “avoir sollicité ‘l’ingérence étrangère’ en Arabie Saoudite, désobéi à ses dirigeants et pour avoir pris des armes contre les forces de sécurité”. Son frère, Mohammad al-Nimr fut arrêté le même jour pour avoir diffusé des informations sur la peine de mort sur Twitter.

Sheick Al-Nimr ainsi que 46 autres personnes furent froidement exécutés le 2 janvier 2016. Son exécution a été condamnée par l’Iran et les musulmans chiites à travers le monde ainsi que par des personnalités en Occident et des musulmans sounnites opposés au sectarisme. Le gouvernement saoudien a annoncé qu’il ne donnerait pas le corps à la famille.


Comment s’assurer que son héritage demeure ?

D’un point de vue moral, Sheick al-Nimr nous a montré comment nous soulever pour nos droits et combattre l’oppression. D’un point de vue politique, Sheick a changé la donne des défenseurs des droits de l’Homme de nos jours. D’un point de vue spirituel, c’est un homme qui nous a toujours rappelé nos racines dans le Tashayyou et nous a permis de concentrer pleinement nos efforts.

Ce qui est le plus important dans cette perte tragique est de nous assurer que le message perdure et que nous continuions à combattre la paix, la vérité et la justice. Nous devons montrer au monde à quel point l’Arabie Saoudite opprime les gens et dénoncer tous les autres régimes oppresseurs. Nous pouvons rassembler tous nos talents, passion et ressources afin de s’assurer que cette tragédie ne se perpétue pas de nouveau et qu’il n’y ait pas d’autres victimes, incluant le neveu de Sheick, Ali al-Nimr.


4 choses que nous pouvons faire pour préserver son héritage



1. Vous avez une voix : utilisez-la !

Les médias sociaux peuvent être très, très puissants. Ils agissent souvent comme un reflet pour les personnes similaires (qui ont les mêmes idées) et les aide à extérioriser l’énergie qu’elles ont refoulée. S’ils sont utilisés correctement, les médias sociaux peuvent être une plateforme utile pour s’engager dans une discussion franche et ouverte, partager des informations et parfois changer sa façon de voir les choses. Rappelez-vous : soyez logique et calme. Il ne sert à rien de crier et injurier. Partagez les informations collectées par des organismes réputés, tel que cette déclaration sur Sheick Nimr par Amnesty Internationale pour donner de l’autorité et de la crédibilité à votre point de vue.

Dites ce qui est pertinent. Expliquez qui était Sheick Nimr, ce qu’il combattait et pourquoi il a été froidement exécuté. Imaginez-vous à la place d’une personne qui ne connait rien de cet homme au nom étrange. Aussi, obtenez des Tweets. Écrivez des blogs. Écrivez des commentaires sur ce que les autres ont diffusé et aidez à orienter le débat.


2. Vos députés ont besoin de savoir ce qui s’est passé : parlez-leur !

Les députés exercent un pouvoir extraordinaire. Ils peuvent solliciter une action politique et diplomatique, écrire au Ministère des Affaires Étrangères et agir comme nos porte-paroles. Je ne suis pas naïf au point de penser que tous les politiciens agiront à propos des affaires du Moyen-Orient mais nous devons essayer. Vous allez parfois être surpris de voir qui est d’accord avec nous. (Par exemple, Louise Mensch a beaucoup été critiqué aujourd’hui et en bien)

Beaucoup d’hommes politique justes se rendent compte du fait que le régime saoudien est barbare, misogyne, classiste et profondément patriarcal. Le soutien que Jeremy Corbyn a reçu pour ses efforts pour défendre Ali al-Nimr qui est menacé de la peine de mort (malgré le fait que ses aveux seraient passés sous la contrainte et malgré son jeune âge) le prouve bien.

Nous devons exploiter une telle influence. Et c’est facile – car après tout nous vivons dans une ère de démocratie numérique. Envoyez des mails à vos députés, contactez-les sur Twitter, allez les voir durant les heures où ils reçoivent le public. Demandez-leur de faire pression sur le Premier Ministre et le Ministre des Affaires Étrangères pour condamner les actes de l’Arabie Saoudite et pour exiger le retrait de l’Arabie Saoudite du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unis.


3. Utilisez les talents que vous avez !


Vous n’avez pas besoin de savoir écrire comme Matthew Parris, Glenn Greenwald ou Robert Fisk pour façonner l’opinion publique. Servez-vous de n’importe quel talent ou position que Dieu vous a donné et que vous avez la chance d’avoir.

* Vous êtes bon en graphique ? Créez un outil infographique avec les statistiques du nombre d’exécutions faites par l’Arabie Saoudite au cours de cette décennie, des citations d’une grande ONG et d’autres informations utiles. Diffusez-les en ligne.

* Vous avez une page YouTube ? Publiez un vlog sur l’exécution tragique de Nimr et les atteintes aux droits de l’Homme qui se produisent chaque jour en Arabie Saoudite.

* Vous étudiez à l’université ? Organisez un séminaire ou lancez une petite pétition afin de sensibiliser les gens sur le sort des minorités en Arabie Saoudite et à travers le monde.

* Au travail ? Cotisez avec vos collègues dans un petit fonds et faites-en don à une ONG qui lutte contre la tyrannie au Moyen-Orient.

Imaginez que durant le weekend de ce Nouvel An, vous aviez pu informer le monde – non pas à propos du Rose Bowl, non pas à propos des célébrations de 2016 ou des évènements sportifs – mais du sort des défenseurs des droits civiques dans le monde. Quel honneur ce serait !


4. Faites du 2 Janvier “la journée Nimr”

La tyrannie ne va pas être radiée en une nuit. Il faut beaucoup de petites ondulations à la surface de l’eau pour faire un raz-de-marée. Le martyr de Nimr doit résulter en un appel à l’action cette année et chaque année. Nous pouvons tous faire ensemble que son nom ne soit jamais effacé de nos mémoires. Nous pouvons faire en sorte que son nom soit marqué pour toujours sur la liste des défenseurs des droits de l’Homme que nous honorons et au nom de qui nous combattons.


Source : Email de Dr Mustafa Mawjee, 9/1/16 ; Ahlulbayt TV

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[1] Personne qui ouvre la voie à quelque chose, qui est la première à faire quelque chose

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Orateur

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Date

17 janvier 2020