Ce poème est le récit de la captivité de bibi Zaynab (as). Hind, qui venait d’apprendre la présence dans les geôles de Damas de prisonniers très particuliers, protégés et consolés par une dame d’une très grande noblesse, se rend dans dans cette prison lugubre pour rencontrer cette dame qui lui rappelait tant bibi Zaynab (as)…
Dans les geôles de Damas, froides et sombres,
Des lamentations déchirent le silence,
Celle d’une dame de grande naissance
Qui a vue mourir sa famille en grand nombre.
Chaque instant est encore en elle si vivace,
Sa mémoire est la seule et unique trace
De ce décisif et ultime sacrifice
De Hussein, de ses compagnons et de ses fils.
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La reine de Damas se présenta à elle,
Ayant entendu cette histoire tragique.
Elle voulait savoir qui était donc celle
Qui, par son éloquence magnifique,
Lui rappela la noblesse de son imam.
Le coeur brûlant de douleur comme une flamme,
Elle demanda pourquoi ils se trouvaient là,
Car nul crime ne pouvait justifier cela.
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Pour ne pas que son visiteur ne comprenne
La sainteté et la noblesse de son rang,
Elle se couvrit la tête avec peine,
Cachant ce regard meurtri par la vue du sang
De cette famille pure et légitime
Qui fût en ce jour funeste la victime
De ce despote qui, dans son arrogance,
Fit preuve d’une grande violence.
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Derrière ces barreaux, un homme tout rayonnant
Termina se prières et en le voyant
Ce rêve douloureux lui revint à l’esprit :
La reine des femmes des mondes en noire
Portait le deuil de ces jours à jamais inscrits
Dans tous les coeurs et dans toutes les mémoires.
Elle se rendit enfin compte que ces êtres
N’étaient ni plus ni moins après Dieu ses maîtres.
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Au pied de Zaïnab, Hind pleura en silence,
Demandant pardon pour son ignorance.
La fille de Ali lui raconta alors
Avec dignité ce que fût leur triste sort.
Mais pour préserver l’intégrité de l’Islam
Elle a accepté de verser tant de larmes :
Un présent et une flamme pour l’avenir
Qu’il faudra par tous les moyens entretenir.
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“ Nos enfants endurent d’atroces tortures
Au delà de toute endurance humaine.
Sous les coups de ces geÔliers beaucoup moururent :
A peine pouvons nous à cause des chaînes
Les prendre dans nos bras, là contre nos coeurs,
Pour qu’ils oublient un instant toute la douleur,
Pour connaître enfin un peu de quiétude
Ou pour ne pas partir dans la solitude. “
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“ Désormais tous nos rêves n’ont plus aucun sens,
Tous emportés par cette vague de haine.
Loin de nos enfants gisant sur cette plaine
Malheur ou bonheur, plus rien n’a d’importance.
Tous les corps de nos proches furent profanés,
Massacrés après trois jours de soif et de faim.
Nous fûmes menés enchaînés tel des condamnés,
A Cham affronter un tyran et ses desseins. “
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Entendant tout cela Hind se mit à chercher
Une petite fille qui fût arrachée
De ces êtres qu’elle aimait, si brutalement.
Elle reçut en réponse les hurlements
D’une mère effondrée qui venait de voir
S’envoler sous ses yeux son dernier espoir.
Zaïnab réconforta sa pauvre protégée :
Par ses mots elle essaya soulager.
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Dans un petit coin de la prison on voyait
Ce qui semblait être une petite stèle,
Celle de Sakina qui maintenant devait
Etre consolé par cet amour paternel :
“ Elle est désormais libérée de ce tourment
Qu’elle a affronté avec tant de courage,
Avec une telle bravoure à son âge.
Elle ne vivra plus aucun acharnement. “
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Aucune mère ne peut rester de marbre
A la vue d’un tel malheur et de ces horreurs.
Hind avait transmis à son fils, avec labeur,
Ce qu’elle a su tiré des fruits de cet arbre
Qu’est le prophète et sa noble descendance.
Elle avait au coeur cet acte d’allégeance :
Son fils et elle luttèrent sans relâche
Contre ce despote débauché et lâche.
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Devant cette haine de la chair de sa chair,
Devant ce peuple exigeant des coupables,
Et ces rêves du Prophète qui l’accable,
Il libéra Zaïnab et ses pairs de ces fers.
Ils quittaient enfin ce lieu de désolation
Où Dieu seul fût pour eux une consolation.
Ils pouvaient désormais faire le deuil de ces morts
Dont le souvenir à ce jour reste très fort.
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Avant d’aller se recueillir à Karbala,
Une mère voulut aller s’incliner là :
Dans un endroit où sa fille fut inhumée.
Cette femme que le chagrin a consumée
Demanda alors à Hind cette promesse :
De ne pas oublier Sakina sa chère,
De se rendre auprès d’elle, telle une mère
Venue couvrir son tendre enfant de prières.
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