Khoutbeh du Vendredi 09 Juillet 2010 à la Mosquée de Mamoudzou à MAYOTTE

Nous aurons, Insha’Allah, l’honneur et la bénédiction de célébrer ‘’ Laylat al Mi’raj ‘’ ce soir du 27 Rajab et ‘’ Eid al Mab’ath ‘’ le lendemain. Ces deux évènements joyeux et bénis ont lieu à une même date, mais à deux périodes différentes.

L’obscurité de cette nuit du vendredi venait d’enrouler son voile noir, lorsque la lueur douce et pure de l’aube commença à embellir l’intérieur de la grotte et Jibraïl ou l’Ange Gabriel déroula devant H° Mouhammad (saw) un rouleau de soie en lui demandant de lire les cinq premiers Versets de la Sourate 96, Al Alaq, dans cette caverne du Mont Hirâ appelé aussi Jabalé Nour ou la Montagne de la Lumière :

« Bismillahir Rahmanir Rahim

Iqra’a Bhismi Rabbikallazi Khalaq ….. »

‘’ Par le Nom d’Allah, Le Très Miséricordieux, Le Tout Miséricordieux.

Lis au Nom de ton Seigneur Qui a créé,

Qui a créé l’homme d’un caillot de sang.

Lis ! Car ton Seigneur est Le Très Généreux.

Il a enseigné au moyen de Calame.

Il a appris à l’homme ce qu’il ne savait pas. ‘’

Jibraïl n’était pas seul dans la grotte. Il vint avec l’Ange Mickaël, accompagnés, chacun, de 70.000. Anges et demanda la permission d’y pénétrer.

Depuis plusieurs années, le Prophète (saw) se retirait dans cette grotte, située à une distance d’environ 5 km au nord de Makka, pour prier et méditer, tout seul, en communion avec l’Omniprésent Allah, Le Seigneur de l’univers.

Il avait 40 ans quand il reçut l’ordre d’Allah d’annoncer au monde de la Mission dont il était chargé de la part du Seigneur. Après cet évènement, il rentra à la maison. Sur le chemin du retour, il entendit des voix sortir des pierres et des arbres, partout où il passait, qui criaient :

« Assalamou Alaykoum yà Rassoulallah !

Que la Paix soit sur vous, ô Messager d’Allah ! »

Une fois arrivé, il s’allongea sur son lit et H° Khadija la Grande le couvrit d’un manteau. A ce moment de la journée où le soleil commençait à monter, il reçut la Révélation des trois premiers Versets de la Sourate 74, Al Moudatthir :

‘’ Ô toi (Mouhammad), le revêtu d’un manteau !

Lève-toi et avertis !

Et de ton Seigneur, célèbre la Grandeur ! ‘’

L’Envoyé d’Allah (swt) se leva, se tourna vers la Qibla, plaça ses deux doigts dans chacune des oreilles et proclama fortement à plusieurs reprises :

‘’ Allahou Akbar ‘’

Depuis cette date, la pratique susmentionnée devint la Sunna.

Le Messager d’Allah répétait souvent :

‘’ Kountou Nabiyyan wa Adama minal Ma’aï wat-twine ‘’

(J’étais déjà prophète quand Adam se trouvait encore entre l’eau et l’argile.)

Je voudrais attirer votre attention vers ces propos particuliers de l’Imam Ali Ibn Abî Talib (as) qui déclare dans l’un de ses Sermons contenus dans le Nahjul Balaghah ou la Voie de l’Eloquence :

« Ô Ali ! dit le Messager d’Allah, tu es celui qui voit ce que je vois, qui entend ce que j’entends ; seulement après moi, il n’y a plus de Prophète, la Prophétie se ferme sur moi. »

Le second évènement qui vint combler de grâces ce jour béni, après plusieurs années passées dans l’accomplissement de cette lourde Mission sacrée, fut le Mi’raj qui eut lieu avant l’Hégire et, aussi, avant le décès de H° Abou Talib, le grand protecteur du Saint Prophète (saw) et celui de sa bienaimée épouse, H° Khadija At Tahira.

La Sourate 17, Banî Israïl, commence par cette annonce d’Allah (swt) :

‘’ Soub’hanallazi Açrà bhi Ab’dihii…’’

« Gloire et Pureté à Celui Qui, de nuit, fit voyager Son Serviteur, de la Mosquée Al Ahram à la Mosquée Al Aqsà dont Nous avons béni les alentours, afin de lui faire voir certaines de Nos Merveilles. C’est Lui, vraiment, Qui est L’Audient, Le Clairvoyant. »

Le mot ‘’Isrà’’ servi par le Saint Qur’an tire son origine du verbe ‘’Sara’a’’ qui veut dire : voyager la nuit. ISRÂ signifie, donc, en arabe, le Voyage Nocturne.

‘’ De la Mosquée Al Ahram à la Mosquée Al Aqsà’’ dit le Livre d’Allah.

‘ Al Aqsà ‘ est traduit par la Mosquée Très Lointaine. Certes, Al Aqsà prend le sens de Baytoul Mouqdas ou Mouqaddass, la Mosquée située à Jérusalem.

Certains commentateurs disent que cette Mosquée doit être au ciel et, non pas, à Jérusalem, puisque le Verset 3 de la Sourate 30, Al Roum, en parlant de la Palestine, la désigne : ‘’ Terre Proche ou Pays Voisin.’’

Il s’agit, ici, du Mi’raj ou l’Ascension au ciel du Saint Prophète (saw) qui est confirmé par les Versets 7 à 18 de la Sourate 53 An Najm ou L’Etoile, dans lesquels, Allah affirme :

‘’ Alors qu’il (Mouhammad) se trouvait à l’horizon supérieur,

Puis il se rapprocha et descendit plus bas,

Et fut à deux portées d’arc, ou plus près encore.

Il révéla à Son Serviteur ce qu’Il révéla.

Près de la Sidratoul Mountahà.

Près d’elle se trouve le Jardin de Ma’awa,

Il a bien vu certaines des grandes Merveilles de Son Seigneur.’’

Le mot Mi’raj est tiré du verbe ‘’Aarajà’’ qui a le sens de monter, s’élever par degrés. Mi’raj signifie Echelle, Ascension, religieusement parlant c’est l’Ascension du Saint Prophète (saw) qui est transporté, en corps et âme, au ciel et introduit en la Sainte Présence Divine.

Le Prophète Mouhammad (saw) fit ce voyage à l’état de l’éveil et non en rêve comme disent certains Musulmans. Le Qur’an est très explicite dans ce sens en déclarant ‘’ Bhi Ab’dihii ‘’, Allah fit voyager, de nuit, Son Serviteur, en personne, ‘’ Ab’d ‘’, l’esclave ou le serviteur, ne désigne seulement ni l’esprit, ni le rêve, mais la personne en tant que telle, toute entière.

Parti de la maison de Oummé Hani, la sœur de l’Imam Ali (as), située tout près de la Kaaba, assis sur une monture appelée Bouraq qui tire son nom de      ‘’ Bar’q ‘’ voulant dire l’éclair, le Saint Prophète (saw) traversa Al Madina appelée Yathrib dans le temps, la région de Qum en Iran, la Mosquée de Kufa en Iraq, le Mont Sinaï et s’arrêta à la Mosquée d’Al Aqsà à Jérusalem, d’où il s’éleva vers les cieux. Il accomplit, partout, deux Rakaates de Salat.

Il vit de nombreux Prophètes dans les cieux qu’il visita l’un après l’autre et parvint jusqu’au ‘’ Sidratoul Mountahà ‘’ ou le Lotus des Confins, cité comme le Jujubier de la Limite, un arbre au 7è ciel que l’Ange Gabriel ne pourra pas dépasser, cet endroit étant sa limite finale.

Avant d’accéder à ce lieu, le Messager d’Allah passa par ‘’ Baytoul Ma’amour ‘’ appelée la Maison peuplée où il conduisit le Salat devant les Prophètes et Messagers d’Allah (swt).

Jibraïl ou l’Ange Gabriel n’est qu’un serviteur du Saint Prophète (saw) qui est aussi son Maître. Le Messager d’Allah ne dépend nullement de lui, ce qui est confirmé par les Versets de la Sourate An Najm et le déroulement de cette Tradition du Mi’raj.

H° Mouhammad (saw), le Béni et le Choisi, se retrouva seul en la Présence Sacrée d’Allah Le Tout Puissant Qui lui révéla ce qui lui doit être révélé, à deux portées d’arc ou plus près encore de son Seigneur Qui l’a invité.

Le Saint Prophète (saw) n’alla pas de lui-même ou ne demanda pas à effectuer ce voyage céleste, il fut réveillé de son sommeil et emmené vers le Mi’raj, comme le déclare solennellement le Livre d’Allah :

‘’ Gloire et Pureté à Celui Qui, de nuit, fit voyager Son Serviteur.’’

Quel est alors ce message qu’Allah lui transmit en secret ?

« Yà Ayyouhar Rassoulou Bhalligh, Maa Oun’zila Ilayk Mir Rabbhik »

Le Verset 67 de la Sourate 5, Al Ma’ïdha, nous donne la réponse :

‘’ Ô Messager ! Transmets ce qui t’a été descendu de la part de ton Seigneur. ‘’

De retour du Pèlerinage d’Adieu, lorsque Jibraïl lui apporta ce Verset du Qur’an cité plus haut, à l’endroit dit Ghadiré Khoum ou l’étang, le lac de Khoum, au milieu du désert, sous un ciel ardent et le sable brûlant, à l’heure où le soleil était  au zénith, l’Envoyé d’Allah proclama devant 124.000 pèlerins réunis :

« Man Kountou Mawlahou, fa hazà Aliyyoun Mawlà »

Ali (que je tiens dans mes mains, que vous apercevez tous), ce Ali est le maître de celui dont je suis le maître.

Tout de suite après cette déclaration solennelle entre terre et ciel, Allah révéla à son Prophète le Verset suivant de la Sourate Al Ma’ïdah, tout au début

« Al yaw’m akmaltou lakoum Dinakoum … »

‘’ Aujourd’hui, J’ai parachevé, pour vous, votre Religion, et accompli, sur vous, Mon Bienfait. Et J’agrée l’Islam comme Religion pour vous. ‘’

Comme disent nos rapporteurs de Tradition, le but du Mi’raj se repose sur deux motifs principaux : le Califat, l’Autorité ou la Souveraineté d’Ali (as) et le mariage d’Ali (as) avec la Sainte Dame Fatima Zahra (as).

Lorsque le Saint Prophète (saw) se trouva à l’endroit le plus haut appelé la Limite des Confins ou Sidratoul Mountahà, Allah (swt) lui demanda de diriger son regard vers la terre. Il vit son frère Ali (as) le contempler et sourire. L’Imam Ali (as) partageait, donc, le Mi’raj de là où il se trouvait.

On questionna au Messager d’Allah :

‘’ Dans quelle voix Allah parla-t-Il à son invité d’honneur lors du Mi’raj ?

   Dans la voix d’Ali, ‘’ répondit-il.

   Je demandai à Allah, poursuivit le Saint Prophète (saw),

Ô mon Seigneur ! Est-ce Toi Qui me parle ou bien est-ce Ali ?

   Ô Rassoul ! me répondit-Il, Ali et toi ne font qu’un, vous êtes, tous les deux, une seule Lumière partagée en deux parties égales. Je sais que tu n’aimes rien, plus qu’Ali, ton cœur est rempli de son amour. Alors, je voulus converser avec toi dans sa propre voix !’’ ajouta Le Seigneur.

Avant de conclure, je désire vous évoquer un Hadith de notre maître et 6è Imam, l’Imam Ja’afar As Sadiq (as), à propos exactement de ce Mi’raj, qui est repris par notre maître et 8è Imam, l’Imam Ali Moussa Ar Ridha (as) :

‘’ Celui qui nie l’une de ces trois choses ne fait pas partie de nos Shias :

Le questionnaire dans la tombe, le Shafa’ah ou l’Intercession le Jour du Jugement et le Mi’raj ou l’Ascension du Saint Prophète (saw) en personne au ciel. ‘’

Je ne peux terminer ce Khoutbeh sans vous citer le célèbre Hadith du Messager d’Allah (swt) au sujet du Salat qu’il compare au Mi’raj ou l’Ascension au ciel :

‘’ Assalatou Mi’rajoul Mo’amine ‘’

Le Salat ou les cinq Prières quotidiennes obligatoires sont le Mi’raj du Croyant.

Le Croyant, durant le Salat, est transporté de son monde terrestre vers le monde céleste où il est en relation directe avec son Seigneur, sans aucun intermédiaire. Le Salat constitue le lien privilégié entre l’adorateur et son Créateur, il revivifie son cœur et renforce sa Foi.

En ce jour mémorable, je vous souhaite, à vous tous, un joyeux Eid avec toutes les cérémonies qu’il mérite et un heureux Mi’raj dans le Salat !

Qu’Allah accorde tout le bonheur ici-bas comme dans l’Au-delà, par la Grâce de nos Ma’assoumines (as) !

Source: Mulla Nissar

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Date

1 juin 2020