EID Al MOUBÂHALA

En l’an 9 de l’Hégire, le Messager d’Allah, Mouhammad (saww), écrivit des lettres à des dirigeants de différents pays et centres religieux, de même, il en envoya une à l’Evêque de Najran pour lui demander à inviter tous les Chrétiens de la région d’embrasser l’Islam.

Le Saint Prophète (saww) recevait avec amabilité distinguée les représentants de toutes les contrées environnantes qui affluaient à Médine pour reconnaître l’Islam comme leur Religion et déclarer l’adhésion de leurs tribus.

Il s’entretenait avec eux dans un esprit de tolérance et ces derniers ne s’en séparaient qu’avec de beaux cadeaux pour leur voyage de retour.

Située à l’extrême sud-ouest, à la frontière avec le Yémen, Najran était depuis longtemps rattachée au Yémen, qui fut, plus tard, annexée par l’Arabie Saoudite.
Elle était célèbre par sa communauté Chrétienne, riche et nombreuse.

Les Chrétiens ne restèrent pas à l’écart et décidèrent d’envoyer une délégation à Médine pour s’informer sur le nouveau Prophète et sa Religion, pour se figurer de ses mérites en discutant avec lui.

Elle comprenait un groupe de quatorze à soixante dix nobles et savants réputés (les chiffres varient), dirigée par l’Evêque Abdoul Harith ibn Alqamâ et des Prêtres dont Âqib, Sayyid, Jasiq, etc.

Ils furent accueillis dans le Masjid An Nabî, la Mosquée du Prophète à Médine, mais celui-ci ne répondit pas à leur salut, étant habillés de vêtements de soie et de bagues en or dans leurs doigts.
Ils réitérèrent plusieurs fois leur geste, cependant le Prophète (saww) détourna son regard.

Devant le refus du Messager d’Allah (swt) de les recevoir, la délégation quitta la Mosquée pour questionner sur le comportement surprenant de Mouhammad (saww). On les conduisit chez l’Imam Ali (as) qui était, le seul, habilité à leur donner satisfaction.

Un rappel de l’histoire : Omar Ibn Al Khattab, lorsqu’il prit le pouvoir en se proclamant 2è calife des Musulmans, après le décès du Saint Prophète (saww), ne cessait de répéter : ‘’ si Ali n’était pas là, Omar aurait péri !’’

Le cousin et gendre du Prophète de l’Islam, son Successeur légitime immédiat et sans intermédiaire, le Commandeur des Croyants, le Maître de la part d’Allah, Son Wali et Son Représentant, Ali Ibn Abî Talib (as), leur conseilla de changer leurs habits et d’ôter leurs bagues.

Ils s’exécutèrent et furent aimablement reçus, jusqu’à être autorisés à accomplir leur Prière, selon le rite Chrétien, à l’intérieur de la Sainte Mosquée du Prophète (saww), sans restriction.

La discussion se porta sur le Prophète ISSÂ (as) ou Jésus que les Chrétiens adoptent comme étant le Fils de Dieu le Père, l’une des trois personnes de Dieu Trinitaire, tandis que l’Islam le proclame l’Envoyé de Dieu et l’un des cinq Prophètes Distingués appelés Ouloul Azm.

Le débat dura plusieurs jours, chaque partie se tenant sur sa position, Hazrat Mouhammad (saww) leur suggéra de procéder au Moubâhala, suivant le Verset 61 de la Sourate 3, Ale Imrân, qu’Allah révéla à Son Envoyé :

’’ À ceux qui te contredisent à son propos, maintenant que tu en es bien informé, tu n’as qu’à dire : « venez, appelons nos fils et les vôtres, nos femmes et les vôtres, nos âmes ou nos personnes (Anfoussouna) et les vôtres, puis proférons exécration réciproque en appelant la malediction d’Allah sur les menteurs.’’
Moubâhala tire son origine du mot arabe ’’Bahalâ,’’ qui signifie imprécation, ordalie, demande de malédiction Divine sur les menteurs, qu’Allah les maudisse et les prive de Ses Bienfaits !

Les Chrétiens de Najran acceptèrent cette solution.

Le jour du 24 Dhoul Hijjah fut fixé et le lieu aussi à l’extérieur de Médine, dans le désert.

Le Prophète (saww) envoya un de ses meilleurs Compagnons, Salman le Perse appelé Salman Mouhammadi, qui est le seul à faire partie de ses Ahl oul Bayt (as), de grand matin, entre le moment de Fajr, l’aube, et le lever du soleil, il étala un tapis rouge sur le sol et posa un abri.

 

Le Messager d’Allah arriva en tenant à son doigt son petit-fils Hassan, âgé de 6 ans et en serrant, contre sa poitrine, son autre petit-fils, Houssain, à l’âge de 5 ans. Comme voulait le protocole du Qour’an, sa fille Fatima (as) se mit derrière, suivie par l’Imam Ali (as).

Il n’amena aucun de ses Compagnons ni aucune de ses épouses. Son propre fils Ibrahim, issu de Maria la Copte, était vivant, mais il le laissa à la maison et vint au Champ de Moubâhala avec les seuls Gens Purs de sa Maison, les Saints Ahl oul Bayt (as), les Gens du Noble Manteau, du Hadith Al Kissâ.

Le fils de Mouhammad (saww) reste chez lui, seuls viennent les fils de la Prophétie d’Allah.

La Dame Fatima Zahra (as) posait son pied sur la trace du pas de son père qui le devançait, et Ali (as), qui la suivait, couvrait cette empreinte du sien.

Sayyida Fatima Zahra (as) est cette personne qui relie l’Imamat à la Prophétie.

’’ Pas de contrainte en Religion, dans la Foi,’’ proclame le Noble Qour’an en la Sourate 2, Al Baqarah et en son Verset 256.

L’on ne peut pas imposer l’Islam par la force, par l’entrave à la liberté, par une pression morale ou physique.

Si les preuves ne semblent pas tangibles, les explications pas convaincantes et les arguments non évidents, le Moubâhala ou l’Ordalie reste la dernière voie de recours, l’affaire est soumise au Jugement Divin. Si l’on s’évade de ce dernier, le pacte devient nécessaire sous certaines conditions.

Le jour de rencontre venu, les gens de Najran refusèrent de procéder au Moubâhala, puisqu’ils virent que le Prophète de l’Islam arrivait avec les seuls quatre membres les plus proches et les plus chers de sa famille, et personne d’autre de sa grande Communauté ni de sa famille.

Il leur demanda de répondre par ’’Ameen,’’ à chaque Invocation qu’il réciterait.

Comment Allah pouvait refuser d’exaucer la demande d’imprécation de Son Envoyé, si elle était proférée par lui seul ?

Néanmoins au Moubâhala, le Verset du Qour’an est clair comme l’eau de roche que cette satisfaction était conditionnée par les cinq alphabets du mot ’’Ameen’’ que doivent prononcer les Ahl oul Bayt (as).

Si la supplication du Saint Prophète (saww) dépendait, pour être acceptée, de l’intervention de sa proche Famille Pure et Infaillible, dont les vertus sont garanties par Le Très Haut, comment, en tant que pécheurs, pourrions-nous satisfaire nos supplications sans l’intercession, ’’le Wassila’’ de ces Ahl oul Bayt (as) ?

Lors de presque tous les évènements de l’Islam, on se pressait de se joindre à la proche Famille du Saint Prophète (saww) pour être digne des hauts mérites que celle-ci bénéficiait.

Cependant, personne ne se porta volontaire pour participer à l’épreuve de Moubâhala, la Parole d’Allah laissait la voie grande ouverte, en usant du pluriel, mais qui risquerait sa vie, l’ordalie pourrait se tourner contre soi, car elle frapperait le mensonger ?!

En effet, au Moubâhala, seul pouvait assister celui qui ne s’est jamais prosterné devant l’idole !

De leur côté, les Chefs de la Délégation Chrétienne furent très étonnés de voir ce petit cortège qu’ils n’avaient jamais imaginé, ainsi ils comprirent que si Mouhammad (saww) n’avait pas raison, il n’oserait jamais les mettre sous la Puissance des malédictions Divines.

‘’Je vois des visages, dit Monseigneur de Najran, Abdoul Harith, que s’ils demandaient à Dieu de déplacer la montagne, elle quitterait sa place, sans aucun doute. Alors ne nous engageons pas à Al Moubâhala, il n’est absolument pas sage d’effectuer cette exécration réciproque, car le châtiment pourrait nous atteindre et que nous périssions !’’

Ne trouvez pas étrange de voir cette scène indiquer les Chrétiens de Najran éblouis par ces vénérables visages, l’Archange Gabriel, le très familier de cette maisonnée, n’avait pas pu les reconnaître quand elles s’étaient réunies sous le Manteau, ne formant qu’une seule Lumière, et fut obligé de demander à Allah : qui sont ces personnes ?

Le Hadith al Kissa ou la Tradition du Manteau s’est déroulé le jour de Moubâhala.

Les visages de Mouhammad (saww) et d’Ali (as) étaient connus depuis qu’avait lieu la discussion dans la Mosquée de Médine, de même que ceux d’Al Hassan (as) et d’Al Houssain (as) qui pourraient sans doute être présents, assis sur les genoux de leur grand-père, le Prophète d’Allah, comme était leur habitude, la porte de leur résidence donnait sur la Mosquée.

Le visage vénérable de Hazrat Fatima Zahra (as) était une nouveauté, mais étant caché derrière le tchador qui la couvrait entièrement.

Toute la délégation se mit d’accord pour ne pas exécuter cette ordalie convenue la veille, et payer l’impôt annuel en contrepartie de la sécurité pour leurs vies et biens.

L’exégèse du Saint Qour’an confirme que le terme ’’Abnâ’anâ’’ dans le Verset cité fait allusion à Al Hassan (as) et à Al Houssain (as), les Princes de la Jeunesse du Paradis, le terme ’’Nîssâ’anâ’’ à Hazrat Fatima Zahra (as), la Princesse des Dames de l’Univers et ’’An’foussâna’’ à l’Imam Ali (as), Amiroul Mou’minine, le Commandeur des Croyants.

Le fils du Prophète Nouh (Noé) lui appartenait, étant le fruit de sa veine (Sourate 11, Verset 46), mais Allah le rejeta en annonçant qu’il n’était pas de sa famille, alors qu’au Moubâhala, les petits-fils, issus de sa fille, sont appelés les fils du Prophète (saww).

Le Verset de Moubâhala nous conduit à reconnaître assurément que Al Hassan (as) et Al Houssain (as) sont les fils du Saint Prophète (saww) et l’Imam Ali (as) son âme (Nafs).

Si Mouhammad (saww) est le Prince de tous les Prophètes et Messagers, le Meilleur d’entre eux, son âme, Ali (as), ne peut être que le Meilleur de tous, le Père des Imams Aboul Aymmah et la meilleure créature après lui.

On demanda au 8è Imam, Ali Ridha (as), la signification de ’’Aboul Qasim,’’ (le père de Qasim), à quoi répondit-il que cette expression tire son origine du célèbre Hadith du Saint Prophète (saww) qui déclare que : ’’Ali est Qasimoun Nâri wal Jannah :’’ Ali est celui qui partage l’Enfer et le Paradis.

Mouhammad (saww) est, en quelque sorte, le père d’Ali (as), étant son Professeur. Ali, en tant que gendre du Prophète (saww), est également, d’une certaine façon, son fils.

Le sens ésotérique du Verset de Moubâhala où le pluriel utilisé étant de minimum pour trois personnes, le Messager d’Allah (swt) amena, donc, avec lui, au Moubâhala, trois fils, Ali (as), Al Hassan (as) et Al Houssain (as).

La Dame Fatima Zahra (as), en tant que fille, l’épouse et la mère, représentait trois femmes.

Ali étant, bien sûr, l’âme de l’Envoyé d’Allah (swt), Al Hassan (as) et Al Houssain (as), en tant qu’Imams et faisant partie du célèbre Hadith ’’Koullouna Mouhammad,’’ sont aussi ses âmes.

Le Verset de Moubâhala est la preuve certaine de grandes qualités et vertus des membres de sa Famille proche dont leurs Douas (Invocations) ne peuvent être rejetés.

Ils sont sur le même rang que le Prophète d’Allah (swt), ils sont associés à sa Prophétie, sans lesquels, celle-ci reste incomplète, ils sont aussi chers à Allah qu’à Son Messager.

Le Prophète (saww) n’ayant pas d’enfant masculin, sauf le bébé Ibrahim, encore vivant, ses deux autres fils étant décédés en bas âge à la Mecque, ce Verset de Moubâhala prouve que Al Hassan (as) et Al Houssain (as) sont ses fils, par lesquels sa progéniture va se développer, sa fille chérie Fatima (as) étant la source de cette descendance, la mère des Imams Oummoul Aymmah.

On rapporte qu’une fois Mamoun Al Rachid avait demandé au 8è Imam, Ali Ar Ridha (as), du plus grand mérite de l’Imam Ali (as) dans le Saint Qour’an et comment Al Hassan (as) et Al Houssain (as) pourraient être appelés les fils du Prophète d’Allah ?

Il cita le Verset de Moubâhala pour démontrer le mérite de l’Imam Ali (as) et expliqua que si le Prophète (saww) vivait de nos jours, le mariage avec nos filles lui serait interdit, en opposition à celui des vôtres avec lesquelles nous pouvons nous marier sans conteste.

De même, Haroun Al Rachid n’hésita pas à interroger le 7è Imam, Moussa Al Kadhim (as) : ‘’Comment prétendez-vous être le descendant du Prophète (saww) alors qu’il n’avait pas d’enfant mâle ? La lignée se prolonge par les fils, tandis que vous êtes issu de sa fille ?

L’Imam (as) lui sollicita de ne pas répondre. Mais comme il l’exigea, Moussa Al Kadhim (as) lui répliqua par les Versets 84 et 85 de la 6è Sourate Al An’âm qui reconnaissent le Prophète Issâ (as) ou Jésus être le descendant du Prophète Ibrahim (as) par sa mère Mariam (as) ou la Sainte Marie, alors qu’il n’avait pas de père !

Cet évènement de Moubâhala n’est pas seulement un signe déclarant la vérité à propos de la réclamation du Prophète de l’Islam qui invitait les gens à embrasser la Religion d’Allah qu’il a apportée, mais montre surtout la sainteté, l’infaillibilité, l’authenticité des membres de ses Ahl oul Bayt (as).

Cette sainte vérité englobe tous les angles de leur vie : véracité inébranlable dans les vertus, les propos, les manières, les comportements, la générosité, le savoir, le courage, la patience.

Le groupe du Saint Prophète Mouhammad (saww), composé d’une poignée de personnes, était inférieur en nombre, par comparaison à celui d’en face, mais sortit vainqueur de cette bataille qui fut l’unique en son genre, conquise sans l’épée.

Imam Ali (as) est le vainqueur renommé de toutes les batailles de l’Islam, mais Moubâhala est ce Champ de Bataille qu’a vaincu Hazrat Fatima Zahra (as).

Moulla Nissarhoussen RAJPAR

z

Orateur

j

Catégories

Date

15 juillet 2025