Eid al Ghadir est la plus grande des Fêtes de l’Islam, le jour où Allah a parachevé Sa Religion, accompli Ses Bénédictions pour l’univers et annoncé, par la voie de Son Messager Mouhammad (saww), la nomination d’Ali Ibn Abî Talib comme MAWLA, Maître de l’Autorité, Calife, Guide et véritable Successeur désigné, immédiat et sans intermédiaire.
Ghadir signifie un petit lac, une mare, un bassin en arabe, nommé Khoum. C’était une étendue de terre déserte et stérile qui longeait la route où l’ombre était inexistante, sauf celle offerte par quelques arbres d’acacia, situé au carrefour des chemins qui menaient vers la Syrie, l’Iraq, l’Egypte et d’autres pays. À la longue, ce lac avait tari. Toute trace d’eau et de végétation n’y était qu’imaginaire.
Il fut un temps où les chemins terrestres se séparaient de Ghadir, alors qu’aujourd’hui ce sont les voies des Croyances qui se séparent de Ghadir !
Makkah – Madina : 460 kms / Makkah – Ghadir : 325 kms / Ghadir – Madina : 135 Kms
Le calendrier Musulman était à son dernier mois.
Le Saint Prophète (saww) traversait la 62è année de sa vie. Dix ans s’étaient écoulés depuis qu’il avait quitté sa ville natale de la Mecque et avait émigré vers Yathrib, devenue Madinatoul Mounawwarah ‘’la Ville des Lumières.’’
Le 25 Dhoul Qa’dah, accompagné d’environ 120.000 Fidèles, venant de toutes les régions, il accomplit le Pèlerinage d’Adieu. L’Imam Ali (as) se trouvait au Yémen pour y propager l’Islam. Il rejoignit le Saint Prophète (saww) à la Mecque.
Alors qu’il venait d’accomplir son Dernier Pèlerinage de la Mecque, appelé ‘’Hajjatoul Widah, il reçut le 18 Dhoul Hijjah, sur son chemin de retour, la Révélation Divine, à cet endroit appelé ‘’Ghadir é Khoum,’’ lui donnant l’Ordre d’annoncer au monde le Message qui lui avait été confié :
‘’ Ô Messager ! Transmets ce qui t’a été révélé de la part de ton Seigneur. Si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas communiqué Son Message. Et Allah te protègera des gens. Certes, Allah ne guide pas les gens mécréants.’’
(Sourate 5, Verset 67)
Le Prophète (saww) s’arrêta immédiatement, sous un soleil de plomb, à cette période de l’année où la chaleur dans cette vallée était insupportable. L’astre du jour s’approchait de son zénith.
Il envoya certains de ses Compagnons chercher ceux qui avaient pris de l’avance de revenir et patienta pour ceux qui avaient pris du retard de le rejoindre.
Il voulait signifier que ceux qui croient Ali (as) tel un dieu sont en erreur comme également ceux qui le placent au quatrième rang. Ali (as) est le Maître. Que tout le monde se réunisse au cœur de cette place !
Il ordonna à Bilal, le Muezzin, de réciter l’Adhan avec ces mots :
Hayyâ Aalâ Khayril Aamal
‘’Ô Gens ! Hâtez-vous vers la meilleure des actions !
La Prière de Midi fut accomplie en assemblée. Jamais autant de monde n’avait pu être réuni en un lieu.
Le Vénérable Envoyé d’Allah (swt) appela Salman, Abou Dhar, Miqdad, Ammar, les dignes Compagnons et leur demanda de préparer un Mimbar ou une chaire.
Les compagnons qui les entouraient s’étonnèrent. Faut-il aller le chercher à Makkah ou à Madina, questionnèrent-ils ? Le Prophète (saww) le leur expliqua. Il exigea que le Mimbar soit très haut. Comme s’il voulait faire connaître que l’annonce se fera des hauteurs.
Pourquoi si haut, interrogèrent les pèlerins ? Chaque fois, ô Rassouloullah (saww), vous nous demandiez de vous écouter et nous vous donnions satisfaction, dirent-ils.
‘’ Aujourd’hui, vous aurez à écouter et aussi à voir,’’ répondit l’Envoyé d’Allah.
Sur ses directives, une chaire fut préparée à partir des selles de chameaux pour que tous les pèlerins puissent le voir et entendre l’annonce qu’il s’apprêtait à dire. Les gens enroulaient leur robe autour de leurs pieds et leurs jambes, assis devant le pupitre sur du sable brûlant.
Le Prophète du Très Haut a dépouillé les chameaux de leurs selles pour que ses compagnons ne puissent quitter les lieux pour le seul motif qu’il faisait chaud.
Le Prophète Mouhammad (saww) prononça, d’abord, le très célèbre et le plus long sermon de sa vie sous une large étoffe pendue sur deux grands arbres, semblable à un auvent et, ensuite, prit de sa main gauche la main droite d’ALI (as), qu’il leva avec la sienne, le plus haut possible, pour que cela n’échappe à aucun regard.
Depuis toujours, ils n’avaient vu le Prophète que seul sur le Mimbar, chaque fois qu’il prêchait. Aujourd’hui, il a changé son habitude et est venu en compagnie de l’Imam Ali (as).
‘’ Que ceux qui sont aveugles m’écoutent et les sourds me regardent,’’ dit-il.
Les hommes se trouvaient devant et les dames derrière le Prophète (saww), dans leur voile réglementaire. Il n’a cédé aux gens présents aucune voie qui leur servirait pour parvenir à leur fin.
‘’ Ô mon peuple ! Continua le Prophète (saww). Je vous précède et vous arriverez aussi à la source de Kawthar. Lorsque vous parviendrez jusqu’à moi, je vous interrogerai à propos de votre conduite envers vos deux capitaux, d’une valeur inestimable – deux choses plus lourdes (Thaqalayn), que je laisse après ma mort : le Livre d’Allah (le Qour’an) et mes Descendants qui sont mes Ahl oul Bayt (as). Tenez-les fortement et ne vous égarez point car Allah, Le Gracieux et L’Omniscient, m’a informé que ces deux ne se sépareront pas, l’une de l’autre, jusqu’à ce qu’elles parviennent jusqu’à moi à la Fontaine !’’
Le Saint Prophète (saww), âgé de 62 ans, leva Ali (as), un jeune de 32 ans, de ses deux mains et le plaça devant lui. Son visage se cacha derrière le corps d’Ali (as). Comme s’il voulait démontrer que lorsque le soleil disparait derrière l’horizon, la lune vient éclaircir la nuit sombre !
Puis, il continua :
‘’Ô gens ! Mon autorité sur vous n’est-elle pas plus que la vôtre ?
– Bien sûr que si, Ya Rassouloullah, cria l’assemblée !’’
Il proclama fort pour faire parvenir jusqu’à chaque oreille le Message Divin :
’’Allah est mon Maître et moi, je suis le maître des Croyants et j’ai l’autorité sur eux plus qu’eux-mêmes.
’’Celui dont je suis le Maître, ce Ali est son Maître’’
(Man’Kountou Mawlahou fa hâzâ Aliyyoun Mawla)
Le Prophète (saww) répéta trois fois cette phrase puis ajouta :
’’Ô Allah ! Aime celui qui aime Ali et hait celui qui hait Ali !
Aide celui qui assiste Ali et abandonne celui qui abandonne Ali.’’
Avant que Le Messager termine son Sermon, Allah envoya l’Archange Gabriel avec un nouveau Verset, numéro 3, Sourate 5, en confirmation de ce qu’il venait d’accomplir :
“Aujourd’hui, les mécréants désespèrent de nuire à votre Religion. Ne les craignez pas, mais craignez Moi ! Aujourd’hui, J’ai parachevé (rendu parfaite) pour vous votre Religion, et accompli sur vous Mon Bienfait et J’ai agréé l’Islam comme Religion pour vous.”
Le Saint Prophète (saww) fit asseoir Ali sous une tente et demanda à tous, grands et petits, hommes et femmes, de venir prêter Serment d’Allégeance à Ali (as), le fils d’Abou Talîb.
‘’Personne ne pourra partir avant de prêter le serment d’allégeance à Ali (as),’’ requit le Prophète de l’Islam.
Sur ce, les compagnons questionnèrent à propos du repas et de l’eau à boire, car le séjour pourrait durer plusieurs jours. Le Messager d’Allah (swt) les consola en disant : égorgez ma chamelle. Je ferai comme mon oncle Abou Talib (as) qui offrit le repas aux quarantaines d’invités à partir d’une cuisse de mouton, durant trois jours, et vous creuserez un puits pour vous désaltérer. Ils réclamèrent que l’eau était salée. La salive du Vénérable Envoyé d’Allah (swt) la transforma en eau douce.
On remplit de l’eau une bassine, dans laquelle Imam Ali (as) plongea sa main, chaque dame s’approchait pour y plonger la sienne et témoigner son allégeance.
On commença par les dames nobles de la Maison du Prophète (saww) sur sa demande pour attester leur fidélité.
Le Saint Prophète (saww) n’a jamais reçu un ordre semblable. Il a enseigné le Salat, le Sawm, le Hajj, le Zakat, le Khoums, toutes les Ibaadates ou Adorations, il a transmis les Recommandations Divines aussi bien que les Interdictions (Halaal et Haraam), cependant, jamais un Ordre de cette gravité n’a été descendu !
Quel est ce Message qui est unique en son genre, mais couvre tout, qui balaye tout, s’il n’est pas communiqué ? Toute la Mission du Prophète serait noyée dans l’eau, s’il ne s’y conformait pas !
De la même manière que nous fêtons l’arrivée du printemps qui ramène la vie dans la nature gelée par le froid, chaque fête Religieuse fait revivre le cœur flétri, l’esprit lassé, la tête épuisée. Elle est un moyen pour la renaissance spirituelle de l’homme.
Eid al Ghadir est le Meilleur Eid pour la Communauté Musulmane, Eid Allah al Akbar (la plus Grande des Fêtes Divines), Eid al Ahl oul Bayt (la Fête des Ahl oul Bayt as), un Eid du Khilafat et du Wilayat, un Eid de Renouvellement du Serment d’Allégeance, car ALI est le repère par lequel elle se guide vers le Messager d’Allah, Ashraf al Ayaad (la plus honorable des Fêtes).
Eid al Ghadir est un Eid de la Fraternité, un Eid du Partage, le Jour des Cadeaux, le Jour de rendre ses prochains heureux et joyeux, le Jour de faire du Bien à autrui, car donner en ce jour vaut mille fois plus que dans tout autre moment, un Eid incomparable.
Eid al Ghadir est le Jour de Dévouement et des Prières, des Félicitations et du Sourire, des Visites et de Bonnes Œuvres, car les Bonnes Actions, en ce jour, font rapprocher davantage d’Allah.
Eid al Ghadir est le plus grand des Ayyad, surpassant tous les autres Eid, il est, dans son vrai sens : Eid al Kabir.
Moulla Nissarhoussen RAJPAR