Très honorable assistance,
Le soir du lundi 04 Novembre, à l’heure où le soleil descendait sous l’horizon rouge, de couleur du sang, et au-dessus de l’océan serein, un mince fil d’argent du croissant lunaire de la nouvelle année Islamique sortit timidement des nuages qui couvraient une partie de cette voûte azurée, il inonda de larmes les yeux des fidèles de l’Imam Houssain (as), le très cher petit-fils du Saint Prophète de l’Islam et plongea toute la grande Communauté Musulmane Chiite de la planète dans la tristesse et le deuil.
Ce nouvel an lunaire symbolise, donc, les yeux pleins de larmes et de lamentations, le deuil et les réunions funèbres. (Je saisis cette occasion, si vous voulez bien me le permettre, qu’aujourd’hui, le ciel s’est vêtu de ses habits sombres et nous baigne de l’eau de ses pleurs, tandis que nous versons le sang de notre âme).
C’est la deuxième année consécutive que nous revenons en ce quartier de Barachois, un endroit qui s’annonce historiquement comme l’âme de la ville de Saint Denis. Aujourd’hui, nous nous sommes réunis à la Pointe des Jardins, derrière sa Batterie des Canons qui nous enseignent que le monde est animé, depuis la Nuit des Temps, par une guerre éternelle entre le Bien et le Mal, le Vrai et le Faux, la Justice et l’Injustice, la Piété et l’Impiété, le Matérialisme et la Spiritualité.
Le Mal ou le Faux apparaît, très souvent aux yeux de certains, le plus fort, par sa splendeur et sa grandeur ostentatoires, par sa supériorité numérique, armé du solide pouvoir matériel. En face de lui le Bien ou le Vrai, en nombre confusément épars, l’humble vérité, la vérité douce et faible, qui apparaît handicapée, sans force ni pouvoir !
Mais n’oubliez pas que le Bien possède la vigueur de la Foi, le secours de Dieu Tout Puissant et les précieux atouts du pouvoir spirituel, il est nourri de la confiance en soi. Ces armements de la Vérité sont si puissants qu’ils écrasent la tête du Mal, réduisent sa splendeur et sa grandeur dans la poussière. Le triomphe, à la fin, n’appartient qu’au Bien, au Vrai qui acquiert un succès si magnifique que le monde en est émerveillé !
Telle est l’épopée de l’héroïsme, enregistrée sur les pages de l’Histoire, non avec l’encre des écrivains, mais avec le sang indélébile des Martyrs. . . Tel est chacun des récits épiques de l’héroïsme. . . .Telle aussi était l’épopée du Sauveur de l’Islam, du Martyre de l’Imam Houssain (as) dans le désert de Karbala en Iraq, 1374 ans auparavant, que nous commémorons aujourd’hui, en ce jour d’Achoura, au 10è jour de Mouharram, le mois où la guerre était Haraam, interdite, même au temps de l’Ignorance, à l’époque préislamique.
Commémorer c’est se rassembler sous un seul Etendard pour se souvenir du massacre de ce Prince des Martyrs et de ses nobles Compagnons.
Commémorer c’est renouveler son appartenance à l’Islam véritable, c’est arroser du sang frais son Serment d’Allégeance à son Guide, à son Chef et son Imam.
Commémorer c’est témoigner du respect, de la vénération, et de l’amour indéfectible au Saint Prophète de l’Islam et à sa Sainte Famille.
Commémorer c’est honorer les droits des autres, c’est apporter son aide à ceux qui se trouvent dans le besoin, c’est rectifier sa conduite, c’est adoucir et purifier son cœur.
Commémorer c’est forger un message de paix et de sécurité, de fidélité et de loyauté.
L’éminente assistance ! La Commémoration constitue le noyau de notre vie dont cette procession n’est que l’une des manifestations extérieures.
Depuis que le monde est monde, chaque fois qu’un être humain a fait une action notable ou s’est distingué, d’une façon remarquable, par une vertu quelconque ou une action louable et exceptionnelle, les autres hommes ont agi de telle sorte que ces qualités et mérites aient pu servir d’exemples édifiants et de modèles pour les générations futures. Ces personnalités et leurs actions exemplaires sont devenues ainsi les parangons, les symboles universels de récits religieux ou bien sont immortalisés par des arts tels que la poésie, les chants de l’élégie plaintive, l’histoire et les diverses commémorations religieuses et publiques, à la ressemblance de celle-ci.
Hour Ar Riyahî, le chef d’une cavalerie de l’armée ennemie constituée de mille soldats, celui qui fut la source des malheurs de l’Imam Houssain (as) en le conduisant sur les sables torrides du désert brûlant de Karbala en Iraq et qui, accompagné de son fils, quitta, de grand matin, son camp pour le rejoindre, à la dernière heure et, en brisant la bride de ses passions, bénéficiant du pardon de l’Imam, devint libre dans ce monde et dans l’autre, comme signifiait son nom Hour que lui avait attribué sa mère dans le berceau. Tandis qu’un autre, Habib Ibn Madhahir, vivant dans la ville proche de Koufa, courut au secours de celui qui fut son ami d’enfance, en jetant son âme à ses pieds et lui témoignant, par son geste sacré, son amitié fidèle ; comme aussi Zoher Ibn Qaïn, celui qui, durant son voyage, rencontra l’Imam sur son chemin, de la Mecque vers l’Iraq, le suivit jusqu’à Karbala, en abandonnant la route qui devait le mener dans son pays et confirmant sa profonde affection aux Gens de la Demeure Sainte de la Prophétie.
Je n’ai collecté, à titre indicatif, que quelques exemples parmi d’autres, pour démontrer que Karbala n’est pas un évènement, mais le symbole le plus exquis de la vie digne, sincère et honorable, le modèle du Droit Chemin, l’Ecole de la Perfection, du Pardon, de la Pureté, le cœur de l’Islam véritable d’où se propage le faisceau de toutes les leçons de la Morale et des Grandes Valeurs Humaines, tels que la Liberté, l’Equité, la Tolérance, le Respect des droits d’autrui, la Solidarité, la Fraternité, le Bon Comportement, la Générosité, la Cohésion Familiale et Sociale, une vie pleine de bonnes mœurs et courages . . . . Karbala n’est pas une tradition, mais un terrain de la prise de conscience ou du réveil de la conscience endormie, c’est l’appel contre l’injustice, la violence et l’oppression, contre le Mal, l’ignorance, l’illettrisme, l’indiscipline . . . .
Très honorable assistance ! L’Imam Houssain (as), le bien-aimé petit-fils du Messager d’Allah (swt), a donné vie à l’Islam authentique, par son sacrifice et celui de ses fidèles compagnons. Autrement, l’Islam serait effacé de la surface de la terre ou bien aurait été dénaturé. A l’Islam Divin succèderait un Islam pétri à la façon des humains. C’est dans ce sens qu’en déchirant les voiles des siècles futurs et lisant l’avenir, l’Envoyé d’Allah Le Très Haut, avait proclamé : ‘’Houssainoum minni wa anà minal Houssain’’ : Houssain est de moi et je suis de Houssain.
En jetant mon regard sur le vaste espace d’eau paisible, une onde pure qui s’étend à l’infini devant nous, dont les vagues ne cessent de bercer et de caresser les pierres qui se reposent sur son rivage, je conclue et enroule mon discours autour de ces paroles très significatives d’un poète indien :
Tout objet, sec ou humide, sera emporté par les flots du temps,
Mais seul le nom de Houssain Ibn Ali vivra éternellement.
Source: Moullanissar