Dars de Sheikh Nadir, 20 Ramadhan 1437

Les Massoumines ont dit « Le véritable savoir est une lumière qu’Allah (swt) dépose dans le cœur de quiconque le souhaite ».

Avant d’enterrer le défunt, juste avant de le recouvrir, nous récitons le Talqeen. Nous croisons ses bras et nous le secouons en disant « Ecoute et comprends ».

Nous disons à celui qui était sourd quand il était vivant d’écouter, à celui qui était dans le coma et qui, s’il se réveillait n’aurait reconnu personne, de comprendre. Nous disons même à la personne qui a eu une hémorragie cérébrale, qui n’a plus toutes ses capacités, d’écouter et de comprendre. Nous disons ces mêmes mots à une personne qui ne comprend pas l’arabe. Nous le disons également à la personne qui ne comprend rien à l’arabe.

Cependant, cette écoute et cette compréhension est différente de ce que nous pensons. Il ne s’agit pas d’écouter avec nos oreilles mais d’écouter avec le cœur. Il ne s’agit plus d’une écoute et d’une compréhension superficielles, c’est un autre niveau.

À la naissance d’un être humain, nous disons tous que cet individu est né, malgré le fait qu’il était dans un autre environnement (le ventre de sa maman) où il était confortablement bien et n’avait besoin de rien.

Il est sorti de ce ventre pour aller dans un ventre plus grand qui est notre monde. Le bébé, quand il vient et ne se sent pas confortable, pleure. Il s’étonne et a peur en voyant son nouvel environnement. « Petit enfant, quand tu entres dans ce monde tu pleures alors que tout le monde sourit autour de toi, tâche de vivre de sorte que quand tu meurs, tu souris et les gens pleurent autour de toi. »

Après un petit instant, ce nouveau ventre est son monde, dans lequel il se sent bien, vie confortablement et s’y habitue. Mais à un moment, il doit de nouveau changer d’environnement.

Quand il meurt dans ce bas monde, il naît dans le nouvel environnement.

Pourquoi avons-nous peur de la mort ?

Wahshat est un moment de peur pendant lequel tous les croyants prient pour que la peur s’éloigne de la tombe du défunt. Il s’agit du moment où les deux anges viendront dans la tombe pour questionner le défunt.

Si nous demandons à un petit enfant ces questions :

  • Qui est ton Dieu ?
  • Quelle est ta religion ?
  • Quel est ton livre ?
  • Quelle est ta qibla ?
  • Qui est ton Prophète ?
  • Qui est ton Imam ?

Ce sont des questions simples et aujourd’hui, comparé à l’enfant, nous avons beaucoup plus de sciences et de savoir ! Pourquoi donc avoir peur de ces questions si simples ? Tout simplement car à ce moment, la réponse ne sortira pas de notre bouche mais elle sortira du cœur car le cerveau lui-même sera inactif. Cette lumière qui vient du cœur est placée par Allah (swt) dans le cœur de ceux qui le souhaitent.

Un jeune amoureux écrit souvent son prénom et le prénom de sa bien-aimée sur le sable. Mais une fois que la vague arrive, elle efface tout sur son passage.

Cette vague peut être comparée à la mort : tant que le Ma’refat e Ilaahi ne sera pas ancré dans le cœur du croyant, la mort effacera tout sur son passage.

Les Massoumines ont dit que le sanctuaire d’Allah (swt) est la Saint Kaaba, là où vont tous les pèlerins, mais il existe un autre sanctuaire qui se trouve à l’intérieur de chacun d’entre nous. Ces deux sanctuaires doivent être en harmonie.

Dans le Sifaat e Salbiya nous apprenons qu’Allah (swt) ne réside ni dans les cieux, ni sur terre, mais il réside dans le cœur du croyant.

Imam Ali (as) a dit : “Ô être humain, tu penses être une petite entité alors qu’à l’intérieur de toi se trouve tout l’Univers. Tu es le Kitaab ul Mubeen (le Saint Qur’an), les lettres cachés en toi, apparaissent. »

Prenons un verre. Disons que ce verre est sale et qu’il contient de l’eau sale. Que dois-je faire si je veux de l’eau propre ? Je dois vider ce verre, je dois le laver, le nettoyer et enfin le remplir avec de l’eau propre. Il en est de même pour le cœur. Il faut avant tout le vider, le nettoyer et ensuite le remplir.

Imaginez quelqu’un qui dort paisiblement. Tant que cette personne ne se lève pas, vous ne pouvez rien faire. Peu importe ce que nous ferons, tout dépendra de cette personne.

Peu importe quel majaliss est récité, peu importe qui vient, quels aalims, même si Imam e Zamana (ajtfs) vient, tant que la personne ne veut pas se réveiller, rien ne changera pour elle.

Dans le livre Manazil al-Sa’ireen, Khwaja Abdullah Ansari a mentionné 100 étapes pour le voyage de l’être humain vers Allah (swt).

La première étape est l’éveil et la 100ème est le tawheed.

L’être humain est l’ambassadeur d’Allah (swt) sur terre, il doit Le représenter à travers ses actions, il doit représenter les versets du saint Qur’an pour que les anges reconnaissent quel verset est en train de marcher !

Tout le monde, sans exception, passera par l’éveil. Les Massoumines ont dit que nous dormons tous mais une fois mort, nous nous réveillerons. Nous comprendrons des vérités que nous ne comprenons pas actuellement.

Nous disons que la personne décédée est morte et celui qui récite le talqeen est vivant, alors que c’est le contraire ! Le défunt est vivant et le vivant est mort. Le mort dit alors au vivant « Ecoute et comprend » dans le talqeen.

Les Massoumines ont dit « Mourez avant que la mort ne survienne » c’est-à-dire « Réveillez-vous avant que vous mourez ».

Quand l’homme se réveille, il ouvre ses yeux et se demande : « Qu’ai-je fais de toute ma vie ? » Et il regrette.

Tant que la mort ne viendra pas, il n’y aura pas d’éveil. Les quelques livres que nous lisons sont comme des petites gouttes d’eau que nous jetons sur nous pour nous réveiller.

La vie de chaque être humain commence par la naissance. Tous les ans, un individu fête son anniversaire en compagnie de ses proches venus de loin avec un gâteau et des bougies. Les gens lui disent :

  • Quel âge as-tu ?

Imaginons que vous avez 100€. Vous allez faire du shopping pour 40€. En rentrant, votre femme vous demande :

  • Quelle somme as-tu ?

Vous aurez 60€.

Alors la question que nous posons à chaque anniversaire n’est pas la bonne.

Nous n’avons pas 35 ans par exemple. Nous ne pouvons pas savoir quel âge nous avons. La véritable question est « Quel âge tu n’as pas ? » Et là, je pourrais dire, je n’ai pas 35 ans, car 35 années de notre vie se sont déjà écoulées.

Et au fil des jours, je m’éloigne du jour de ma naissance pour me rapprocher du jour de ma mort. N’est-ce pas ironique, nous célébrons « Joyeux anniversaire» alors que nous nous éloignons à chaque fois de notre anniversaire !

Ensuite, l’individu souffle sur ses 35 bougies pour faire comprendre justement, que les 35 années se sont écoulées.

Un jour, Ayatullah Jawaad Amuli en Iran était assis chez lui. Son fils est venu le voir et il lui a dit :

  • Quelqu’un est décédé.

Il lui a demandé de venir faire le namaaz et de réciter le talqeen. Mais Ayatullah lui a demandé :

  • Quelle est cette mort ? Horizontale ou verticale ?
  • Horizontale !

Il a mis son abaa[1] et est parti.

Après avoir vu son fils quelques jours plus tard, je lui ai demandé ce qu’étaient la mort horizontale et verticale et il a dit :

  • Il y a deux types de morts : horizontale (quand l’individu est allongé) et verticale (quand l’individu est debout, il entend et voit mais n’entend pas et ne voit pas du cœur).

Un jour, alors que nous nous préparions pour faire le hajj entre amis, nous avions décidé d’acheter des livres comme ceux d’Ayatullah Hassan Zadeh Amouli. En allant à la librairie, nous avons vu Ayatullah lui-même. Il marchait assez rapidement avec son bâton. Nous avons traversé la route et nous lui avons dit :

  • Ô Sheikh, demain nous partons au Hajj, donnez-nous un conseil

Il s’est arrêté, nous a regardé sévèrement et il a dit :

  • Allez-vous-en et ne revenez plus !

Et il est parti.

Nous étions étonnés. Nous étions tristes de constater sa réaction envers nous. Nous avons ensuite rencontré son élève dans la librairie et lui avons dit que nous avons rencontré Sheikh et il nous a demandé:

  • Avez-vous vu Sheikh?
  • Oui.
  • Que vous a-t-il dit ?
  • Rien de grave.
  • Dites-le moi ! Il vous a salué ?
  • Oui.
  • Et ensuite ?

Nous avons décidé de lui parler de la situation et il a rigolé en nous écoutant :

  • Il vous a donné toute la philosophie du hajj : partez et ne revenez plus comme vous êtes !

Nous étions tristes car nous n’avons pas compris ce qu’Ayatoullah voulait nous dire. Il nous recommandait de revenir du hajj plus purs, plus religieux, plus proches d’Allah swt.

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Date

20 janvier 2020