Zarih (la Tombe) de H° Sakinah à Damas (Syrie)
Nom: Roukaiyya (aussi connu comme Sakina)
Père: Imam Houssain-bin-Ali-bin-Abou Talib (a.s)
Mère: Bibi Oumm-e-Roubab (A.S)
Naissance: 20 Rajab
Décès: 10 Safar, Damas, Syria
De Karbala à Sham
Oumm-e Habiba commença à pleurer et dit :
« Ô Dieu ! Quel crime ont-ils commis de sorte qu’ils soient torturés si brutalement ? »
Bibi Zaynab (a.s) continua :
« Nous sommes les enfants du Saint Prophète (saw), votre Maître, l’Imam Houssain (a.s) fut martyrisé avec ses fidèles et leurs corps laissés non enterrés sur le sable brûlant de Karbala, leurs têtes furent tranchées et élevées sur des lances. Regardez, au devant, Ô Oumm-e Habiba, la tête de votre Maître est devant vous, la tête dont les lèvres récitent le Saint Qur’an. »
Du moment où l’Imam Houssain (a.s) tomba dans le champ de bataille, Bibi Sakina (a.s) oublia de sourire. Kufa la vit en tant que petite fille sobre perdue dans la pensée. Très souvent, elle se levait la nuit. Quand on lui demandait si elle voulait quelque chose, elle répondait :
« Je viens juste d’entendre un bébé pleurer ? Est-ce Asghar ? Il doit m’appeler. »
De Kufa commençait la phase suivante du voyage pour les saints prisonniers. Ce voyage devait les porter à Damas, en Syrie, qui était la capitale de Yazid (l.a). Bibi Sakina (a.s) fut attachée avec une corde, sur le dos d’un chameau nu. À un endroit du voyage, Bibi Sakina (a.s) tomba de son chameau. La caravane ne s’arrêta pas. Personne, à l’exception des saints prisonniers (a.s), ne remarqua la chute de cette petite princesse (a.s). Après cet incident, l’horrible armée changea l’organisation des saints prisonniers (a.s). L’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s) resta toujours attaché avec des chaînes au cou et aux pieds, la misérable armée attacha son fils, l’Imam Mouhamed Baqir (a.s) – le cinquième Imam – sur le dos de l’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s) et puis, à la même corde était attachée sa soeur, le cou de Bibi Sakina (a.s), de sorte que l’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s) ne puisse se tenir tout droit. S’il voulait se dresser, la corde se resserrait et étranglait la petite Sakina (a.s).
Même pendant ces moments de difficultés et de la misère, la petite Princesse de l’Imam Houssain (a.s) a toujours pensé aux autres d’abord. Elle consolait sa mère sur la mort d’Ali Asghar (a.s) et quand elle voyait pleurer une femme ou une fille, elle la serrait entre ses petits bras. Dans cette époque, on mettait trente deux jours, sur un chameau, pour atteindre Damas, mais cette vénérable famille (a.s) fut conduite de telle manière qu’il ne leur fallut que seize jours pour suivre le même parcours. Après la tragédie de Kerbela, c’est en souffrant la misère, les tortures et les calamités durant seize jours que les Ahl-e-Bayt – la famille du Prophète (a.s) atteignirent Damas. Quand Yazid (l.a) entendit les nouvelles de l’arrivée de la caravane dans les environs de Damas, il ordonna de l’arrêter, tandis que lui et les habitants de Damas se préparaient aux célébration et jubilation. Cette caravane des nobles prisonniers dut attendre pendant quatre jours hors de Damas.
Quelqu’un demanda à l’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s), après que la sainte famille (a.s) ait été libérée de la Zindan-e-Sham (les geôles de la Syrie), ce qui fut la partie la plus dure de cette longue période, à quoi l’Imam (a.s) répondit que le moment le plus pénible était cette circonstance où la noble famille (a.s) dut attendre à l’extérieur de Damas pendant quatre jours. Elle fut traitée comme des animaux, avec leurs mains attachées, sans aucune nourriture, ni de l’eau. Puis, on lui demanda d’entrer en ville, les saintes dames (a.s) furent forcées de traverser le bazar sans leur Hijab (le voile), tandis que les habitants applaudissaient et chantaient. Enfin, elles parvinrent à la cour de Yazid (l.a).
Maintenant, la noble famille de l’Imam Houssain (a.s) faisait face à Yazid (l.a). Elle suivait la volonté de l’Imam Houssain (a.s) pour agir avec patience sur ses actions. Chaque dame, chaque enfant, se tenait devant Yazid (l.a), attaché par des cordes et sans voile et l’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s), immobilisé dans des chaînes lourdes. La scène la plus choquante était ce comportement de Yazid le maudit (l.a) qui buvait du vin tandis que, devant lui, était posée, dans un plateau, la tête coupée de l’Imam Houssain (a.s) dont Yazid (l.a) frappait la bouche et les dents avec un bâton. Soudain, le regard de Yazid tomba sur une fille âgée de quatre ans qui couvrait son visage d’une main et de l’autre tenait son cou. Yazid (l.a) demanda à ses hommes :
« Qui est cette enfant ? »
On lui fit savoir que c’est Sakina (a.s), la fille la plus aimée de l’Imam Houssain (a.s), et on rapporta que Bibi Sakina (a.s) ne dormait jamais sans poser sa tête sur la poitrine de son père. Est-ce vrai ? Yazid (l.a) donna l’ordre qu’il veut lui parler et lorsque Bibi Sakina (a.s) s’approcha de Yazid (l.a), celui-ci voulut examiner cet amour de son père, Imam Houssain (a.s), devant des centaines de courtisans.
Yazid (l.a) dit à Bibi Sakina (a.s), est-ce vrai ce que je viens juste d’entendre, alors essayez d’appeler votre père pour que nous puissions voir si la tête de votre père se déplace dans votre giron. La Princesse Sakina (a.s) leva ses petites mains, pria Allah, puis se tourna vers la tête de son saint père (a.s) et lui dit, avec des larmes dans les yeux :
« Ô mon cher père ! Veuillez venir vers votre fille. Ce maudit Yazid (l.a) met notre amour à l’essai. Immédiatement, la vénérable tête coupée de l’Imam Houssain (a.s) quitta le plateau et vint miraculeusement vers sa fille Sakina (a.s) qui commença à l’embrasser et à presser son visage contre celui de son père.
Les serviteurs de Yazid (l.a), par l’ordre de leur maître, mirent les nobles prisonniers dans une salle de prison obscure et malpropre. Après sa libération, quand l’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s) atteignit Madina, les gens l’interrogèrent au sujet de cette prison. L’Imam (a.s) leur fit savoir qu’elle était très vieille et très sale, dont le plafond était tombé. Et puisqu’elle n’avait pas de plafond, les saints Ahl oul Bayt (a.s) s’exposaient à la chaleur et au froid. Après tant d’épreuves et d’humiliations avec les Ahl-oul Bayt (a.s), Yazid continua sa terreur et les plaça, ensuite, dans une cellule souterraine obscure et leur donna si peu de nourriture qu’elle n’était pas assez pour une seule personne. Dans cette prison, la Petite Princesse Sakina (a.s) eut des troubles de sommeil, chaque nuit, car elle s’ennuyait sans son père Imam Houssain (a.s). Bibi Zaynab (a.s) essayait de la consoler en affirmant qu’elle rencontrerait bientôt son père et ces mots essayaient de l’inciter à dormir.
Sachant que ses pleurs chagrinaient sa mère, H° Sakina (a.s) pleurait silencieusement et essuyait rapidement ses larmes. Dans la prison, en Syrie, elle regardait les oiseaux volant vers leurs nids, au coucher du soleil, et demandait innocemment à sa tante, H° Zaynab (a.s) :
« Quand Sakina retournera-t-elle à la maison comme ces oiseaux qui rejoignent leurs nids ? »
Une nuit, l’enfant Sakina (a.s) s’était endormie et elle fut, soudainement, réveillée en pleurant et commença à rechercher son père partout. Toutes les Saintes Dames essayèrent de la consoler pour qu’elle cesse de pleurer mais elle ne s’arrêta pas et continua de sangloter :
« Ô ma chère tante ! Où est mon père ? Il y a quelques minutes, j’étais avec mon père, il m’embrassa et me dit :
” Ô ma chère Sakina, tu seras bientôt avec moi.”
Mais où est-il mon père, maintenant ?
Quand Bibi Sakina (a.s) parla de son rêve, toutes les Saintes Dames (a.s) commencèrent à pleurer. Le bruit de ces pleurs parvint jusqu’au palais de Yazid (l.a). Celui-ci (l.a) envoya un serviteur afin de demander pourquoi la Petite Princesse (a.s) pleurait-elle. Le serviteur fut informé que Bibi Sakina (a.s) regrettait son père, c’est pourquoi elle pleurait. Ils informèrent Yazid (l.a) de cette situation, et Yazid (l.a), pour son plaisir cruel, envoya la tête coupée de l’Imam Houssain (a.s) dans la geôle. Lorsque Bibi Sakina (a.s) reçut la tête sainte de son père, elle continua de pleurer encore plus fort, la tint serrée contre elle et demanda à son père :
« Qui vous a coupé la tête, Ô mon père ? Qui vous a Martyrisé, Ô mon père ? Pourquoi sommes-nous tenus comme captifs ?
Avec ces mots pleins de tristesse, soudain, la petite Sakina (a.s) se tut et il y eut un silence dans la cellule. Chacun pensa qu’elle était finalement tombée dans le sommeil, mais celui-ci ne fut pas un sommeil provisoire, Bibi Sakina (a.s) était maintenant entrée dans un sommeil permanent pour rencontrer son saint père. Bibi Zaynab (a.s) appela l’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s) pour vérifier l’état de sa sœur, puisqu’ils pensaient qu’elle était inconsciente. Quand l’Imam (a.s) s’approcha pour consulter sa soeur, il remarqua qu’elle s’était arrêtée de respirer.Toutes les Honorables Dames se mirent autour de Bibi Sakina (a.s) pour la pleurer.
Bibi Sakina (a.s) fut enterrée dans le même cachot. Bibi Zaynab (a.s) tint l’enfant dans ses mains jusqu’à ce que l’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s) creusât la tombe pour sa soeur dans la geôle. Ses vêtements furent brûlés à Karbala, c’est pourquoi, ils étaient mêlés à sa chair. Par conséquent, elle fut enterrée dans les mêmes vêtements brûlés, des vêtements déchirés, directement dans le cachot souterrain de la Syrie (Zindan-e-Shaam.) Lorsque la tombe se referma après l’enterrement, sa mère poussa un cri perçant. Toutes les dames se pressèrent autour d’elle, et les murs de la prison commencèrent à vibrer avec le cri : « Ya Sakina ! Ya Mazloomah ! »
(Ô Sakina ! Ô l’opprimée !)
Lorsque le moment vint et ils furent libérés de la prison, Bibi Roubaab (a.s) s’approcha de la tombe de sa fille bien aimée, y posa sa joue et pleura avec sanglots. Parle avec moi, Ô Sakina ! Seulement un mot, ma fille, parle avec moi !
Le corps sacré de Bibi Sakina (a.s) fut enlevé de sa tombe originale située dans le cachot de la Syrie, quelques siècles plus tard, quand un homme pieux de Damas fut informé dans son rêve que l’eau remplira la tombe de cette jeune Princesse Hashimite (a.s). Sur la confirmation de cette nouvelle que les eaux souterraines entraient réellement dans la tombe, le corps de Bibi Sakina (a.s) fut inhumé dans une nouvelle Tombe, près du palais de Yazid, où elle se repose jusqu’à aujourd’hui. Son vénérable corps se trouvait dans les mêmes conditions que celles du premier jour.
C’était son père, Imam Houssain (a.s) qui fut, brutalement, tué à Kerbela. C’était son petit frère Ali Asghar (a.s) qui reçut une flèche dans son cou. C’était son oncle bien aimé Abbas (a.s) qui tomba martyr avec ses deux bras coupés. C’est elle qui passa ses derniers jours dans la prison. La Petite Princesse de l’Imam Houssain (a.s). La seule personne qui ne sortit jamais hors de ce cachot désolé. Elle était Bibi Sakina (A.S), la Jeune Princesse Hachémite
(Traduit de l’anglais par Moulla Nissar)
La plus jeune fille de l’Imam Houssain (a.s.) est connue, dans le monde arabe, sous le nom de H° Roukkaya (a.s.), considérant qu’elle est célèbre par H° Sakina (a.s.) dans le reste du monde islamique.
Nous nous référerons à elle comme H° Sakina (a.s.). Janabé Sakina (a.s) était la plus jeune fille de l’Imam Houssain (a.s). Sakina est dérivé de ” Sakoune ” qui signifie ” la Paix “. L’Imam Houssain (A.S) demandait une fille dans ses Prières de Nuit (Salatoul Layl), une fille qui lui donnerait la paix, et Allah (swt) exauça son souhait et l’a béni de H° Sakina (a.s). Bibi Sakina (a.s) était la fille la plus aimée de l’Imam Houssain (a.s) et elle était habituée à dormir sur sa poitrine, chaque nuit. Elle était une enfant très vivante, plein d’amour et du bonheur. Étant la fille du saint Imam (a.s), elle était différente des autres enfants de son âge dans de nombreuses manières. Elle était très religieuse, trouvait du plaisir à lire le Saint Quran et n’a jamais manqué à ses Prières. Dans sa petite enfance, elle faisait une grande attention pour s’assurer que sa tête et son visage soient correctement couverts en public.
On entendait, souvent, l’Imam Houssain (a.s) déclarer :
” La maison sans Sakina (a.s) ne mérite pas d’être vécue. ” Elle avait, toujours, un sourire doux et gai et une nature très amicale. Chacun chérissait Sakina (a.s). Les enfants cherchaient sa compagnie autant que les grands. Elle était très généreuse et partageait, toujours, aux autres ce qu’elle avait.
Semblable à n’importe quel autre enfant de cinq ans, lorsque Bibi Sakina (a.s) allait au lit, le soir, elle voulait passer un moment avec son père. L’Imam Houssain (a.s) lui racontait des histoires des Prophètes (a.s) et des batailles combattues par son grand-père, l’Imam Ali (a.s). Elle posait sa tête sur la poitrine de son père et l’Imam Houssain (a.s) ne la déplaçait pas jusqu’à ce qu’elle soit endormie.
Il y avait un lien spécial entre Bibi Sakina (a.s) et son oncle paternel, H° Abbas Ibn Imam Ali (a.s). Il l’aimait plus que ses propres enfants. Si Sakina (a.s) demandait quelque chose, H° Abbas (a.s) ne s’en remettait pas jusqu’à ce qu’il n’ait satisfait sa demande. Nulle chose ne retenait H° Abbas (a.s) pour rendre Bibi Sakina (a.s) heureuse. Pendant le voyage de Madina à Makka et de Makka à Kerbala, H° Abbas (a.s) était, souvent, aperçu s’approcher du Mehmil (une selle spéciale faite pour des femmes) dans lequel Bibi Sakina (a.s) se reposait pour s’assurer qu’elle possédait tous qu’elle voulait. Bibi Sakina (a.s) aimait, vraiment beaucoup, son oncle. Tandis qu’à Madina, elle visitait, plusieurs fois par jour, la maison dans laquelle vivaient H° Abbas (a.s) avec sa famille et sa mère, Oummoul-Baniîne (a.s).
Lorsqu’à partir du 2 Mouharram, les armées de Yazid bin Mouawiyah (Laanatoullahi Alayhi) commencèrent à se réunir dans le désert de Kerbala, l’Imam Houssain (a.s) dit à sa sœur, H° Zaynab (a.s) : ” Le temps est, maintenant, venu de faire habituer Sakina à dormir sans moi. “
Lorsque la nuit tombait, Bibi Sakina (a.s) suivait son père et l’Imam Houssain (a.s) la remettait, doucement, à H° Zaynab (a.s) ou à H° Roubaab (a.s), la mère de Bibi Sakina. Quand, à partir du 7 Mouharram, l’eau devint rare, dans le camp de l’Imam a°, à Karbala, Janabé Sakina (a.s) partageait avec les autres enfants le peu d’eau qu’elle possédait. Quand, très tôt, il n’y avait plus d’eau du tout, les enfants assoiffés regardaient Bibi Sakina (a.s) avec leurs yeux pleins d’espoir et comme elle ne pouvait pas les aider, elle avait des larmes dans les yeux. Les lèvres de Bibi Sakina (a.s) étaient desséchées par la soif.
A plusieurs reprises, H° Abbas (a.s) demanda à l’Imam Houssain (a.s) la permission d’aller combattre contre les armées de Yazid (L.A). Chaque fois, l’Imam Houssain (a.s) lui répondait : ” Abbas, vous êtes le Commandant de mon armée ; vous êtes mon Alamdaar, (le Porteur de l’Etendard).” H° Abbas (a.s) ne discutait jamais avec l’Imam Houssain (a.s). Une fois, juste alors, Bibi Sakina (a.s) sortit avec une gourde, le Mashk sec. La Petite Princesse du généreux Imam menait, avec elle, 42 enfants, chacun avec une gourde sèche dans les mains. Les enfants criaient en choeur – La soif ! La soif ! La soif dévorante nous tue. Elle se dirigea vers H° Abbas (a.s) et l’informa que tous les enfants sont venus chez elle pour demander de l’eau. Il pourrait constater cette soif, aggravée par la chaleur étouffante du désert, qui asphyxie leurs jeunes vies. H° Abbas (a.s) vint voir l’Imam Houssain (a.s) et lui demanda la permission d’aller chercher de l’eau pour Bibi Sakina (a.s) et les autres enfants. L’Imam (a.s) lui accorda, donc, sa permission. H° Abbas (a.s) fit pendre le Mashk de Bibi Sakina (a.s) sur le Alam ou la Bannière, monta sur son cheval et le chevaucha jusqu’à l’Imam Houssain (a.s).
H° Abbas (a.s) lui dit : ” Je suis venu pour vous dire un au revoir.”
– Ô mon frère ! Lui répondit l’Imam, vient et embrasse-moi.”
H° Abbas (a.s) descendit de son cheval. Les larmes coulaient des yeux de l’Imam Houssain (a.s).
Comme H° Abbas (a.s) se préparait à monter sur son cheval, l’Imam (a.s) s’exprima : ” Ô mon frère ! Je veux un cadeau de votre part. Je veux votre épée. ” H° Abbas (a.s), sans dire un mot, donna son épée à l’Imam Houssain (a.s) et fit route vers le champ de bataille, armé seulement d’une lance et portant le Alam. Chaque action de l’Imam (a.s) témoignait qu’il n’est pas allé pour mener un combat. Quand H° Abbas (a.s) sortit pour aller chercher de l’eau, les enfants se réunirent autour de Bibi Sakina (a.s) avec leurs petites tasses, sachant que, dès que H° Abbas (a.s) apportera de l’eau, Bibi Sakina (a.s) s’assurera qu’ils aient en premier avant qu’elle prenne pour elle même.
Bibi Sakina (a.s) se tenait à côté de son père, les yeux fixés sur le Alam (l’Etendard) de H° Abbas (a.s). Il parvint à atteindre la rive du fleuve en combattant les hommes de Yazid (l.a) qui essayaient de bloquer son chemin et tuant de nombreux soldats, parmi eux, au moyen de sa lance. La bravoure de H° Abbas (a.s) était bien connue des Arabes et les troupes de Yazid commencèrent à s’enfuir vers des différentes directions. Pendant qu’il se courbait pour remplir le Mashk, le Alam disparut de la vue. Bibi Sakina (A.S) fut effrayée et regarda son père. L’Imam Houssain (a.s) confia à cet instant : « Ô Sakina ! Votre oncle Abbas se tient sur les bords du fleuve. » Bibi Sakina (a.s) sourit et prononça : « Alhamdoulillah (toutes les louanges sont à Allah) » et appela tous les enfants pour dire : « Bienvenue » à H° Abbas (a.s).
La gourde remplie, H° Abbas (a.s) voulut porter l’eau, aussi rapidement que possible, jusqu’aux enfants qui l’attendaient impatiemment. Le voyant galoper vers le camp de l’Imam Houssain (a.s), un commandant de l’armée de Yazid (l.a) cria des rangs ennemis que si une seule goutte d’eau parvenait au camp de Houssain, il serait impossible de le combattre sur le champ de bataille. Quand les flèches surgirent de tous les côtés, H° Abbas (a.s) n’eut seulement qu’une seule pensée dans son esprit : comment protéger le Mashk, plus que sa vie ! H° Abbas (a.s) perdit ses deux bras pendant l’attaque, essayant de sauver la gourde d’eau. Le Alam tomba par terre. Janabé Sakina (a.s) ne put le voir plus longtemps. Elle porta son regard vers l’Imam (a.s), mais il tourna son visage. Bibi Sakina (a.s) commença à trembler de crainte et ses yeux se remplirent de larmes. Elle leva ses mains et pria : « Yà Allah ! Ne les laisse pas tuer mon oncle Abbas (a.s) ! Je ne demanderai plus de l’eau ! » Et elle courut dans la maison vers sa mère. Quand Bibi Sakina (a.s) vit l’Imam Houssain (a.s) apporter le Alam trempé de sang, elle comprit vite que son oncle Abbas (a.s) était martyrisé.
Puis, vint le moment où la terre fut secouée et Bibi Sakina (a.s) devint orpheline. Les forces tyranniques de Yazid (l.a) se dressèrent devant les tentes. Ils pillèrent toutes les affaires des nobles dames (a.s). Ils saisirent même leur Hijab (le voile). Les filles de H° Fatimah (a.s) se trouvèrent nu-tête. Shimr (l.a), le pire des hommes de Yazid, arriva aussi. La petite Sakina (a.s) pleurait son père. Au lieu de la soulager par des paroles, Shimr (l.a) lui donna une gifle et arracha ses boucles d’oreille. Le sang se mit à couler des petites oreilles de la fille de l’Imam Houssain (a.s). En effet, ils devraient s’arrêter maintenant. Mais pas du tout. Ils mirent feu aux tentes, une par une. Les dames sans défense et les enfants couraient d’une tente à l’autre. La robe de la petite Sakina fut touchée par le feu et ses oreilles saignaient. Tout ce que cette fille de quatre ans voulait c’était son cher père. Elle courut vers le champ de bataille criant : ” Ô père ! Où êtes-vous ? Ô mon père, Ô mon père, parlez à moi, mon père ! “
Lorsque la nuit tombait, comme l’Imam Ali Bin Houssain (a.s), également connu sous le nom de Zain-oul- Abidiîne (a.s), souffrait dans sa maladie, Bibi Zaynab (a.s), la fille de l’Imam Ali (a.s), prit sur elle-même la responsabilité de la protection des dames et des enfants. Elle les rassembla tous, dans un petit espace, compris entre les tentes calcinées. L’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s) s’étendait sur la terre, entouré par ces veuves et orphelins. Il n’y avait ni feu, ni lumière. Seule la lune jetait sa lumière mate. La nuit qui suivait l’Ashoura (également connue sous le nom de Sham é Ghariban), quand l’Imam Houssain (a.s) et ses compagnons étaient étendus, sans tête, dans le champ de bataille, Bibi Zaynab (a.s) recueillit tous les enfants et dames ensemble, derrière les tentes en feu. Elle remarqua que la petite Sakina (a.s) était absente. Elle en demanda à Bibi Roubab (a.s), mais elle-même ne savait pas où elle se trouvait. Les deux vénérables dames furent paniquées et se mirent à la rechercher.
Les deux Honorables Dames se mirent à chercher partout la jeune enfant, mais en vain. Désespérée, Bibi Zaynab (a.s) se dirigea, enfin, à l’endroit où le corps de son frère, l’Imam Houssain (a.s) s’étendait et se mit à lamenter :
” Ô mon frère ! Je n’ai pas retrouvé Sakina que vous avez laissé à mes soins, elle n’est nulle part. Où vais-je aller la chercher dans ce vaste désert ? “
La lune de la 11è nuit vint, juste, d’apparaître du nuage et Bibi Zaynab (a.s) put voir la petite Sakina (a.s) couchée sur la poitrine de son père, comme elle en avait toujours l’habitude. Elle secoua l’enfant qui fut réveillée et lui demanda :
« Ô Sakina ! Comment avez-vous reconnu votre père ? Une personne peut être identifiée par son visage ou par les vêtements qu’il porte sur lui. Votre père n’a ni l’un, ni l’autre. Bibi Sakina (a.s) lui répondit innocemment :
Je voulus dire à mon père de ce que les gens m’ont fait. Je voulus lui affirmer que Shimr (l.a) avait volé les boucles d’oreille que mon père m’avait offertes si affectueusement. Je voulus lui dire comment il les a arrachées de mes oreilles laissant saigner les lobes déchirés. Je voulus lui dire que la bête m’avait impitoyablement giflé lorsque je pleurais de douleurs. Quand je courais sans but dans le désert, je pensai avoir entendu la voix de mon père m’annoncer qu’il était à cet endroit. Je suivis la voix et je le trouvai étendu ici. Je lui racontais tout ce qui vient de se passer et, là alors, je sentis le sommeil me venir pour une dernière fois sur sa poitrine, comme j’en avais toujours l’habitude. C’est pourquoi je gardais ma tête sur son torse et dormais jusqu’à ce que vous veniez.
Oumar Sa’ad (l.a) demanda à la veuve de Hour d’apporter un peu de nourriture et de l’eau aux vénérables Dames et enfants. Pendant qu’elle s’approchait du lieu où ils se reposaient, Bibi Zaynab (a.s) l’a reconnue. Elle se leva, s’avança vers la veuve de Hour et lui présenta ses condoléances pour le martyre de son époux. Ce geste de la part de Bibi Zaynab (a.s), qui avait souffert énormément, avec une perte aussi considérable, et portant profondément la peine à son coeur, est une leçon de vraies manières islamiques que le monde ne doit jamais oublier. Hour bin Reyahi (r.a) était le général dans l’armée de Yazid (l.a), mais quitta le camp Satanique et se joignit à l’Imam Houssain (a.s). Hour (r.a) réalisa et accepta le saint statut du petit-fils de Prophète (saw).
Bibi Zaynab (a.s) prit la cruche de l’eau. Elle se dirigea vers H° Sakina (a.s) qui se trouvait dans un sommeil agité. Elle frotta doucement ses cheveux non peignés. La fille chérie de l’Imam Houssain (a.s) ouvrit ses yeux. Sa tante lui dit :
” Voilà, Sakina, il y a un peu d’eau, bois-le, s’il te plaît. Tu es assoiffée depuis si longtemps ! “
En entendant le vocable «EAU,» Sakina poussa un cri plein d’espoir : “Mon oncle Abbas est-il revenu ?”
Elle prononça ces mots lorsque la veuve de Hour apporta de l’eau, elle se leva, se conduisit vers la veuve de Hour, la remercia et puis demanda, ensuite, à Bibi Zaynab (a.s) :
” Avez-vous bu toute l’eau ?”
La sœur de l’Imam (a.s) secoua sa tête.
” Pourquoi me demandez-vous de boire cette eau ?” Demanda, alors, cette orpheline de Karbala.
– Parce que, ma chérie, tu es la plus jeune de tous,” lui répondit Bibi Zaynab.
– Non, Asghar est le plus jeune,” lui objecta-t-elle.
Bibi Sakina (a.s) prit, donc, la cruche de l’eau, courut vers l’endroit où Ali Asghar (a.s) était enterré et pleurait ” Ô Asghar, Ô Asghar !” Ali Asghar (a.s) était son petit frère. Les gens de Yazid (l.a) massacrèrent avec une flèche cet enfant âgé de six mois quand Imam Houssain (a.s) les invita à lui donner une petite quantité d’eau car il mourait de soif.
Comment ces «sans-abri» passèrent leur nuit à Kerbala ? C’était le Sham-e-Ghariban, la nuit des Sinistrés. Ils avaient tout perdu. Leurs hommes étaient morts. Leurs enfants aussi avaient été tués. Dans ce désert plein de désolation, le quatrième Imam, Zain-oul Abidiîne (a.s), les femmes et les enfants restants étaient blottis là où seulement quelques heures plus tôt se dressaient leurs camps. H° Abbas (a.s), Qasim (a.s) et Ali Akbar (a.s) les gardaient à tour de rôle. Maintenant, les filles de l’Imam Ali (a.s) et de H° Fatimah (a.s), Bibi Zaynab (a.s) et Bibi Koulçoum (a.s), restaient éveillées pour s’assurer que l’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s) et les enfants ne soient pas attaqués.
Le jour suivant, la malheureuse caravane prit route vers Kufa. L’Imam Zain-oul Abidiîne (a.s), dans un état précaire à cause de sa maladie, fut attaché par des chaînes lourdes et fut forcé à marcher nu-pieds comme les Dames aussi, y compris les petites-filles du Saint Prophète (saw), qui furent forcées de s’asseoir sur des chameaux à dos nus, avec leurs cous et mains attachés étroitement par les cordes. La caravane souffrit les tortures du voyage et quand elle atteignit Kufa, elle fut forcée de traverser toutes les issues et rues de Kufa devant un public rassemblé pour l’évènement. Soudain, le chameau sur lequel la fille sainte de l’Imam Houssain (a.s), Bibi Sakina (a.s) et la soeur sainte de l’Imam Houssain (a.s), Bibi Zaynab (a.s) avaient pris place, s’arrêta près d’une maison. Le regard de Bibi Zaynab (a.s) tomba sur sa nièce (a.s) et elle comprit vite ce que cette dernière voulait dire. Elle lui en demanda et la fille répondit :
« Je suis sur le point de déclarer quelque chose, mais je sais, ma chère Tante, qu’en ce moment, il vous est impossible de le réaliser. »
Quand Bibi Zaynab (a.s) y insista, Bibi Sakina (a.s) lui répondit :
« Ô ma chère tante ! Ma gorge est si sèche que je ne pense pas pouvoir encore supporter ma soif ! »
Ces mots de la fille de H° Rubab (a.s) parvinrent jusque dans les maisons de ces femmes qui se tenaient sur leur véranda, de sorte qu’elles aient pu voir la caravane sainte marcher clairement. Parmi ces femmes, une dame très généreuse sortit immédiatement de la foule et se précipita vers sa maison pour apporter de l’eau pour elle.
Mais quand elle s’approcha du chameau sur lequel se tenait de Bibi Zaynab (a.s), elle demanda une faveur en retour et lui annonça que, lorsque cette enfant assoiffée goûte à cette eau, je souhaite qu’elle prie pour moi. En entendant ces mots, Bibi Zaynab (a.s) empêcha Sakina (a.s) de boire cette eau et lui dit :
« Chère Sakina, accomplis d’abord la demande de cette dame. »
Bibi Zaynab (a.s) demanda à la dame de ce que Bibi Sakina (a.s) doit prier et répondit-elle :
« Mon premier souhait est que jamais mes enfants ne deviennent des orphelins comme VOUS. Veuillez prier pour moi, Ô ma chère fille, je vois que vous êtes une orpheline et je suis certaine que Allah écoute toujours la prière des orphelins. La Princesse Hashimite (a.s) leva ses petites mains et pria pour la dame.
Puis, Bibi Zaynab (a.s) l’interrogea au sujet de son deuxième souhait.
« Mon deuxième voeu est que je désire visiter Madina. Priez, s’il vous plaît, pour que Dieu me donne l’occasion de visiter la Ville Sainte, » répondit la femme. En entendant le nom de Madina, Bibi Zaynab (a.s) demanda à la dame pourquoi elle voulait y aller.
« Puisque je souhaite visiter la Tombe Sainte du Prophète (saw) et je voudrais également rencontrer la Sainte Dame H° Fatimah (a.s), ajouta-t-elle.
– Mais savez-vous que Bibi Fatimah (a.s) n’est plus vivante ? Lui questionna sa Fille, H° Zaynab (a.s).
– J’ai également servi ses saintes filles, Bibi Zaynab (a.s) et Bibi Oumm-e Koulçoum (a.s). J’irai, donc, à Madina pour tester ma dernière chance d’avoir l’honneur de les rencontrer, » explique la femme.
Maintenant, Bibi Zaynab (a.s) lui posa une question finale.
« Chère Mo’mina ! Si vous voyez Zaynab, la reconnaîtriez-vous ? Lui questionna la fille chérie de H° Fatima Zahra (a.s).
– Certainement, » lui fit savoir la femme Kufite.
Bibi Zaynab (a.s) enleva ses cheveux qui couvraient le visage et commença à pleurer. Votre prière est, donc, exaucée. Regardez, Ô Oumm-e Habiba, c’est moi, Zaynab, pourquoi donc ne m’avez-vous pas reconnu ? Reconnaîtrez-vous nous tous ?
(Traduit de l’anglais par Moulla Nissar)