4 Histoires de la vie de l’Imam Ali (a.s.)

L’homme Inconnu

La pauvre femme avait chargé l’outre d’eau sur son épaule et retournait chez elle en poussant de profonds soupirs, lorsqu’elle croisa un inconnu qui lui prit l’outre et la porta sur sa propre épaule. Les jeunes enfants de la femme, les yeux rivés sur la porte, attendaient le retour de leur mère, à l’intérieur de la maison. La porte s’ouvrit et ils virent venir, en compagnie de leur mère, un étranger qui portait l’outre d’eau à sa place. L’homme déposa l’outre à terre et demanda à la femme :

« Il est évident que tu es sans mari pour aller puiser l’eau toi-même. Comment se fait-il que tu sois restée seule ?

–   Mon mari était soldat. Ali Ibn Abitaleb l’envoya à l’une des frontières où il fut tué. Me voici seule, à présent, avec quelques enfants en bas âge. »

L’inconnu n’ajouta rien. Baissant la tête, il lui prit congé et partit. Mais, ce jour là, la pensée de cette femme et de ses enfants ne le quitta pas un instant. La nuit venue, il ne put dormir d’un sommeil paisible. Au petit matin, il remplit un panier de provisions de viande, de farine et de dattes, et se rendit, d’une seule traite, jusqu’à la maison de la dame en question. Il frappa à la porte.

« Qui es-tu ? Demanda la femme.

–   Je suis la même créature d’Allah qui t’apporta, hier, l’outre d’eau. Je viens t’apporter, maintenant, un peu de nourriture pour les enfants.

–   Qu’Allah soit satisfait de toi ! Et, qu’entre nous et Ali Ibn Abitaleb, il fasse sentence Lui-même ! » répondit la dame.

La porte s’ouvrit et l’étranger entra.

« Je voudrais rendre service, dit-il. Si tu le permets, je me chargerai de faire la pâte et cuire le pain, ou bien de garder les enfants.

«  Très bien. Je suis plus à même de faire la pâte et cuire le pain. Garde, donc, les enfants jusqu’à ce que j’aie fini la cuisson du pain. »

La femme partit faire la pâte, l’inconnu fit, immédiatement rôtir la viande qu’il avait apportée et, de ses propres mains, la donna à manger aux enfants, avec les dattes.

” Mes enfants ! Pardonnez Ali Ibn Abitaleb s’il a manqué à son devoir envers vous ! Disait-il, à chaque bouchée qu’il donnait à chacun d’eux.

Lorsque la pâte fut prête, la femme appela :

« Ô Créature d’Allah ! Allume ce four ! »

L’inconnu alla allumer le feu. Les flammes s’élevèrent. Il approcha son visage du feu, murmurant pour lui-même :

« Goûte la chaleur du feu, car tel est le châtiment de celui qui manque à son devoir envers les veuves et orphelins ! »

C’est alors qu’entra une des voisines qui reconnut l’étranger.

« Miséricorde ! Cria-t-elle. Ne connais-tu pas, donc, cet homme que tu as pris pour aide ? Dit-elle à la femme. C’est Amir Al Moaménine, Ali Ibn Abitaleb ! »

La pauvre femme s’approcha de lui et dit :

« Mille fois honte à moi ! Je te prie de m’excuser !

–   Mais, non, c’est moi qui te présente mes excuses d’avoir failli à mon devoir envers toi ! »

Devant le juge

Un homme déposa sa plainte auprès du puissant calife de l’époque, Omar Ibn Al Khatâb. Les parties du litige furent sommées de comparaître et d’exposer leur différend. La personne contre laquelle il était porté plainte était Amir Al Moaménine, Ali Ibn Abitaleb a°. Omar convoqua, donc, les deux parties et s’assit à la place du juge.

Selon les prescriptions islamiques, les deux parties du litige doivent s’asseoir à côté, l’une de l’autre et le principe d’égalité devant le tribunal doit être respecté. Or, le calife appela le plaignant par son nom habituel et lui ordonna de se tenir debout à un endroit précis, face au juge, tandis qu’en se tournant vers Ali a°, il lui dit :

« Eh, Aboul Hassan ! Placez-vous auprès du plaignant. »

En entendant cette phrase, les traits d’Ali a° se rembrunirent et des marques de contrariété apparurent sur son visage.

« Ô Ali ! Lui dit le calife, n’avez-vous, donc, pas envie de vous tenir debout auprès de votre contradicteur ?

–   Ma contrariété ne vient pas de ce que je dois me tenir auprès de la partie adverse, lui répondit l’Imam Ali a°. Au contraire, je fus contrarié du fait que vous n’avez pas entièrement respecté la justice, car vous m’avez nommé avec considération, en vous adressant à moi par mon surnom :

” Eh, Aboul Hassan ! “, alors que vous avez appelé la partie adverse par son nom usuel. Telle est la raison de ma peine et du mécontentement. »

Note : «Aboul Hassan» c’est-à-dire « père de Hassan », son fils aîné, appellation qui marque le respect.

Ali Ibn Abî Taleb a° et Assem Ibn Ziad

Après la fin de la Bataille de Jamal, l’Imam Ali a° se rendit à Bassora. Lors de son séjour, il alla, un jour, rendre visite à l’un de ses compagnons, nommé Ali Ibn Ziad Haressi. Cet homme possédait une vaste maison somptueuse.

A la vue de cette demeure d’une grandeur et d’une superficie énormes, Amir Al Moaménine a° lui dit :

« A quoi te sert, ici-bas, une maison aussi large tandis que tu as davantage besoin d’une demeure spacieuse dans l’au-delà ? Mais si tu le veux, tu peux faire de cette vaste maison d’ici-bas un moyen d’accéder à la vaste demeure de l’au-delà,

en y accueillant des invités et en y recevant tes proches parents,

en y dévoilant les droits des Musulmans et en l’utilisant comme moyen de vivification et de divulgation de ces droits,

et en la faisant sortir du monopole des convoitises personnelles et de l’utilisation individuelle.

–   Ô Amir Al Moaménine ! J’ai des griefs contre mon frère Assem à te communiquer, lui répondit Ibn Ziad Haressi.

–   Quels sont tes griefs ? Lui questionna l’Imam Ali.

–   Il est devenu un ermite, porte des vêtements usés, s’est isolé et retiré du monde, en délaissant toutes choses et en s’écartant de toutes personnes.

–   Qu’on le fasse venir, lui demanda l’Imam.

Assem arriva. L’imam Ali  se mit en face et lui déclara :

« Ô ennemi de ta propre vie ! Le diable t’a dérobé la raison. Pourquoi n’as-tu pas pitié de ton épouse et de tes enfants ? Crois-tu que les bienfaits purs de ce monde qu’Allah t’a rendu licites soient incommodes pour que tu en tires profit ? Tu es plus petit que tout cela auprès d’Allah.

–   Ô Amir Al Moaménine, dit Assem. Vous êtes, vous-même, comme moi. Vous vous imposez, vous aussi, la rigueur. Vous êtes  exigeant envers votre personne dans l’existence. Vous ne portez pas, non plus, de vêtements doux et ne mangez pas de repas délicieux ! Je ne fais, donc, que ce que vous faites et je ne suis que la même voie que la vôtre !

–   Tu fais erreur, lui répliqua l’Imam. Je suis différent de toi. Je porte un titre que tu n’as pas. J’occupe le poste de l’Imamat et du gouvernement. Les devoirs du Gouverneur et de l’Imam sont des devoirs autres…..Allah a prescrit aux Chefs équitables de prendre les couches les plus faibles de son peuple comme mesure de leur vie personnelle, et de vivre comme vivent les gens les plus indigents, afin qu’ils connaissent les difficultés de la pauvreté et de l’indigence et que leur modèle soit réconfortant pour le pauvre. Par conséquent, j’ai un devoir et toi… un autre, » lui expliqua le Successeur du Saint Prophète.

Note : La Bataille de Jamal eut lieu dans les environs de Bassora entre Amir Al Moaménine, d’un côté et H° Aïcha, Talhah et Zubair, de l’autre. On l’appela la Bataille de Jamal de ce fait que H° Aïcha qui dirigeait l’armée était montée sur un chameau (“Jamal ” signifie, en arabe,  chameau). Cette guerre fut déclenchée par Aïcha, Talhah et Zubair, immédiatement après l’attribution du Califat à Ali a° et à la vue de sa conduite équitable qui consistait à ne pas concéder de privilèges aux couches aristocrates. La victoire revient à l’armée de l’Imam Ali a°.

Les Invités d’Ali a°

Un homme entra chez Ali a°, accompagné de son fils, à titre d’invité. L’Imam les fit asseoir à la place d’honneur avec beaucoup d’égards et de respect. Il s’assit, lui-même, en face d’eux.

Vint l’heure du repas, après lequel, Qambar, le célèbre serviteur d’Ali a°, apporta une serviette, une bassine et une aiguière. L’Imam les lui prit des mains et s’avança pour laver les mains de son invité qui recula en disant :

« Une chose pareille serait-elle possible que je tende mes mains et que vous me les laviez ?

–   Ton frère est ton semblable, lui répondit le Successeur du Saint Prophète. Il n’est pas distinct de toi et veut se charger de te servir, en retour de quoi, Allah le récompensera. Pourquoi veux-tu t’opposer à une bonne action ? »

L’homme refusait toujours. Ali a° finit par invoquer Allah : “ Je souhaite que me revienne l’honneur de servir mon frère Croyant ! Ne t’y oppose pas !”

L’invité s’y soumit avec confusion.

« Je t’en prie, dit encore l’Imam, avec une gentillesse propre à sa nature, lave-toi bien les mains, tout comme tu l’aurais fait si Qambar avait voulu t’y aider. Mets de côté timidité et cérémonies ! »

Lorsqu’il eut fini de laver les mains de son hôte, l’Imam demanda à son honorable fils, Mouhammad Ibn Hanafià :

« Quant à toi, lave les mains du fils. Si le père de ce garçon n’était pas, ici, présent, et que lui seul était notre hôte, je lui aurais lavé les mains moi-même. Mais Allah aime que là, où père et fils sont ensemble, distinction soit faite entre eux, dans le respect. »

Mouhammad se leva, donc, et lava les mains du jeune invité.

Article : Moulla Nissar

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Orateur

Date

22 janvier 2020