Sheick Javad Shomali, La religion : un fardeau ou une bénédiction ? Episode 1, 12 Ramadhan 1443, 14 avril 2022

La série de majaliss que je vous propose durant ces cinq soirs sont liés les uns aux autres ; aussi je vous recommande de les suivre tous pour pouvoir arriver à une conclusion ensemble. Le sujet de ces cinq nuits est « La religion : un fardeau ou une bénédiction ? »
Ce titre pourrait vous sembler bizarre et vous pourriez vous demander en quoi la religion peut devenir un fardeau, mais j’aimerais que nous soyons quelque peu honnête envers nous-même…comment nous sentons-nous en ce moment à propos de la religion et comment nos enfants ressentent-ils la religion ? Que ressentons-nous à propos des différentes actions que nous devons accomplir ?

Nous allons voir si nous considérons tous les aspects de la religion comme une bénédiction ou est-ce que certaines parties sont comme un fardeau et sont difficiles à faire. En ces jours de Mahé Ramadhan, j’entends souvent les gens dire : « Finissons la prière comme ça nous en sommes débarrassés et nous pouvons faire notre iftar et nous relaxer. » Et certaines personnes disent : « Finissons les prières de maghrib et isha ensemble pour que nous n’ayons plus à y penser de nouveau durant la nuit. » Ce sont des petites choses que nous disons ici et là, mais cela nous montre que beaucoup d’entre nous accomplissons la prière tout simplement parce que nous devons le faire. Même si nous savons que c’est un ordre d’Allah (swt) et que c’est bien pour nous jusqu’au point où nous allons persuader quelqu’un qui ne prie pas par exemple. Mais nous accomplissons souvent la prière tout simplement parce qu’on nous a demandé de la faire mais pas parce que nous nous y plaisons, pas parce que nous y trouvons de l’énergie. Je ne veux pas généraliser et dire que cela concerne tout le monde, mais cela concerne la plupart d’entre nous.

Et si vous dites à quelqu’un que vous n’arrivez pas à avoir de l’énergie en priant ou en lisant le Qour’an, cette personne va vous dire : « Fais-le. Tu dois le faire. » Et j’ai même déjà entendu des personnes dire : « Oh j’aurais aimé que Dieu n’ait pas rendu ceci wajib comme ça nous n’aurions pas à le faire. » Et ceci nous montre aussi que personne ne nous a jamais expliqué en quoi la prière, par exemple, est utile. Je ne veux pas juger ceux qui considèrent la prière comme un fardeau mais je veux simplement dire ici que personne ne leur a expliqué en quoi la prière est une bénédiction et non un fardeau. Et tant que nous ne réalisons pas que c’est une bénédiction pour nous, tant que nous ne nous rendons pas compte que c’est pour notre propre bien, que cela rend notre vie meilleure, nous n’en atteignons pas la profondeur. Nous sommes toujours au niveau inférieur de la religion. C’est comme si nous étions par exemple à l’école primaire ou au collège. Il y a encore beaucoup, beaucoup de niveaux au dessus que nous pouvons atteindre. Et il n’y a rien de mal à cela. La vie est un voyage et nous avons tellement à apprendre.

Vous vous rappelez certainement ces hadith que nous avons d’Imam Ali (a) et d’Imam Houssayn (a) qui sont similaires. Ce n’est pas une mauvaise chose d’adorer Allah (swt) par crainte de l’Enfer. Ce n’est pas mauvais d’adorer Allah (swt) pour obtenir le Paradis. Mais c’est encore mieux de prier Allah (swt) parce que c’est meilleur pour vous. Imam Ali (a) dit également que c’est la façon dont il fait les choses. « Je n’adore pas Dieu par crainte de l’Enfer ou pour obtenir le Paradis ni par obligation, mais j’adore Allah (swt) car j’aime beaucoup le faire et je sais que c’est bien pour moi. »

Parfois, nous considérons les actes d’adoration comme des transactions avec Dieu. J’accomplis ma prière, je récite le Dou’a-e-Iftetah, je récite d’autres Dou’as et en contrepartie, Allah (swt) me donnera des thawab et m’accordera le Paradis. Je vais vous donner un exemple : imaginez que je viens réciter ces majaliss devant vous et que je n’en ai aucune envie mais quelqu’un m’a dit à la porte que si je ne venais pas réciter un majaliss, ils vont me frapper. Aussi, je me dis qu’il faut que je le fasse pour que la personne à l’extérieur ne me frappe pas. Comment vous sentiriez-vous ? C’est exactement la même chose si nous prions uniquement pour éviter l’Enfer. En fait, nous allons sur notre tapis de prière et nous disons à Dieu : « Je ne suis pas du tout intéressé et ce n’est pas cool du tout, mais je prie uniquement pour que Tu ne me mettes pas dans le feu de l’Enfer. »
Si nous enseignons la religion à nos enfants de cette façon : « Prie sinon tu iras en Enfer, fais ci, fais ça », en gros nous sommes en train de lui dire « Quand tu vas vers Dieu, ne Lui parle pas, ce n’est pas important. Quand tu récites le Dou’a-e-Iftetah, peu importe ce que tu dis, fais-le tout simplement pour que tu n’ailles pas en Enfer. » Donc c’est cela le niveau d’adoration pour éviter l’Enfer, ce n’est pas mauvais, c’est meilleur que faire le mal, mais c’est un niveau très bas. Imam Ali (a) nous dit de nous élever spirituellement. Il y a de meilleurs niveaux. Quelle est la prochaine étape ? Quel est le prochain niveau ? C’est adorer pour avoir des récompenses.

Imaginez que je n’ai aucun intérêt à venir vous parler mais que je viens réciter le majaliss uniquement parce qu’ils m’ont promis une boîte de chocolats d’une grande marque. Ce que je dis m’importe peu, je ne sais pas si je comprends ce que je dis, je dois tout simplement parler pendant les trente minutes qui me sont allouées, et une fois que je sortirai, ils me donneront cette boîte de chocolats. Comment vous sentiriez-vous si vous croyiez que c’est ce que je ressens à l’intérieur ?

Quand nous récitons le Dou’a-e-Iftetah uniquement pour le thawab, c’est en gros ce que nous faisons avec Dieu. Encore une fois, je ne juge pas. C’est une bonne chose. Imam Houssayn (a) ne dit pas que c’est mauvais d’adorer Allah (swt) pour les récompenses. Imam Houssayn (a) nous dit : « C’est bien, mais il y a plus. Ne voulez-vous pas plus ? Il y a un autre moyen de faire la même chose tout en obtenant plus de ces actes d’adoration. »

Imam Ali (a) nous dit : « Je prie Dieu parce que j’y ressens vraiment beaucoup de plaisir. J’aime beaucoup parler à Dieu. » D’ailleurs, dans le Dou’a Koumayl, Imam Ali (a) dit : « Même si Tu m’envoies en Enfer, je continuerai à Te parler. » Ceci tout simplement parce qu’Imam Ali (a) trouve cela extraordinaire. Selon moi, c’est un ingrédient clé sur la façon dont nous suivons la religion. Et les Ahloul Bayt (a) ne nous jugent pas. Ils veulent dire que ce que nous avons réussi à faire jusqu’à présent est extraordinaire. Beaucoup de personnes ne prient pas, n’adorent pas Allah (swt), ne font pas toutes les actions que nous faisons. Beaucoup de personnes ne récitent pas le Dou’a-e-Iftetah. Beaucoup de personnes ne lisent pas le Qour’an. Vous le faites. Bravo ! C’est super !

Essayons d’arriver maintenant au niveau supérieur. Les Ahloul Bayt (a) veulent que nous tirions plus d’avantages. Une personne qui regarde une communauté religieuse devrait pouvoir voir que nous sommes différents des autres, que nous sommes heureux, que nos relations sont bonnes. Pour l’instant, nous n’en sommes pas là. Notre taux de divorce n’est pas différent, notre anxiété n’est pas différente. Nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade mais nous pouvons y arriver. Nous avons toutes les bases. Là où nous sommes est bien, mais nous pouvons nous développer encore plus. Même s’il ne nous reste qu’une journée à vivre, essayons d’atteindre le niveau supérieur. Essayons de progresser. Car nos Imams disent que le mou’mine est si plein d’énergie, et vit d’une façon qui est pleine d’énergie. Même si la vie est craintive, le mou’mine est comme une montagne.

Regardons la Sourate Ibrahim, verset 24. Ici, Allah (swt) nous dit que la bonne parole, c’est-à-dire la bonne croyance, est comme un bel arbre qui a des racines très solides et ses branches atteignent le ciel. Ainsi, cet arbre est très long et a des branches qui sont très hautes. Et à chaque saison, en tout temps, il donne des fruits. Ce n’est pas comme certains arbres qui donnent parfois des fruits mais parfois n’en donnent pas. Ainsi, la bonne croyance est comme un arbre qui prend bien ses racines à l’intérieur du sol de telle sorte qu’il ne puisse pas bouger par le moindre vent. L’on dit qu’une certaine intensité de vent est bon pour l’arbre car il est important qu’il soit dans la lutte, qu’il ait à résister à la force du vent.

Ainsi ici, l’arbre dont on parle est un arbre qui prend bien racine dans le sol et qui donne des fruits en tout temps. Et les Ahloul Bayt (a) nous expliquent ce verset. Ils nous disent que notre foi doit être très solide de telle sorte qu’elle ne se laisse pas emporter par le moindre vent. Et elle donne des fruits en tout temps c’est-à-dire dans chaque domaine de votre vie, votre croyance devrait donner des fruits. Si la vraie foi, si la vraie religion, est dans notre cœur, vous pouvez regarder votre vie et voir les fruits. Quels sont les fruits ? Les fruits sont différents par rapport aux circonstances. Si vous traversez une période difficile, les fruits devraient être la paix dans votre cœur. Si vous traversez une période durant laquelle vous avez la crainte, les fruits devraient être le courage dans votre cœur. Si vous traversez une période durant laquelle vous vous sentez seul, les fruits devraient être la présence de Dieu dans votre cœur, l’amour de Dieu dans votre cœur, pour que vous ne vous sentiez pas seul. La paix, l’amour d’Allah (swt), la présence de Dieu, le courage, le sens de la signification, de bonnes relations sont tous des fruits de la bonne croyance.

Avec la croyance à l’esprit, nous pouvons nous tromper et tromper les autres. Allama Tabatabai dit à propos de ce verset que si une croyance est dans votre esprit, c’est bien mais ce n’est pas tellement bénéfique. La croyance dans l’esprit ne donne pas de fruit. Vous croyez que Dieu existe, mais lors de vos difficultés, ressentez-vous de la paix ? Quand vous forcez vos enfants à prier et à lire le Qour’an, ressentent-ils de la paix ? Voulons-nous donner à nos enfants une foi qui soit seulement dans la tête ou voulons-nous leur donner une foi telle que décrite par le Qour’an qui donne des fruits ?

Le Qour’an et les Ahloul Bayt (a) veulent que nous ayons une foi qui nous donne ses fruits dans la vie. Si nos relations ne sont pas bonnes, si nous nous sentons seuls, si nos enfants souffrent actuellement, si nous ne ressentons pas la présence de Dieu dans notre cœur et dans notre vie, si les choses sont difficiles, cela montre que l’arbre n’est pas encore solide. Car tout ceci sont les fruits de cet arbre. Le plus important c’est d’accepter où nous en sommes pour pouvoir grandir et nous développer. Il n’y a aucune honte par rapport à là où nous en sommes. C’est extraordinaire que nous soyons arrivés jusque-là. C’est beau ! Nous croyons en Dieu, nous croyons aux Ahloul Bayt (a) mais maintenant, essayons d’atteindre le niveau supérieur. Essayons de trouver cette foi dans notre cœur.

L’une des erreurs que nous avons commises est de penser que la course est terminée alors que nous venons tout juste de commencer. Les Prophètes sont venus dans ce monde pour nous enseigner qu’il y a d’autres façons de voir le monde. Quand vous regardez le monde, vous voyez la souffrance mais vous ne voyez pas le bien derrière. Vous voyez la souffrance mais vous ne voyez pas l’amour derrière la souffrance. Ainsi, quand vous regardez le monde, vous ne voyez pas Dieu. Les Prophètes sont venus pour nous dire qu’il y a une autre façon de regarder le monde. Dans l’autre façon de regarder le monde, vous voyez Dieu partout. Dans l’autre façon de voir le monde, quand vous voyez la souffrance, vous voyez l’amour derrière. Quand vous devez faire face à une difficulté, vous voyez la raison derrière. Vous avez toujours l’impression d’avoir du soutien. Beaucoup de personnes, quand elles entendaient les Prophètes parler ainsi, ont fini par tuer les Prophètes. Et vous savez que de nombreux Prophètes ont été tués.

L’erreur que nous avons commise est de considérer que si nous aimons ce que les Prophètes disent, c’est que nous sommes comme eux. Ce n’est pas parce que vous considérez que ce que les Prophètes disent est vrai, qu’à partir de demain, vous commencerez à agir comme eux. Non, le voyage continue. Si nous considérons qu’à ce point, après avoir écouté les Prophètes et les Ahloul Bayt (a) le voyage est terminé, nous allons souffrir. J’ai regardé un extrait de vidéo qui était sur Twitter avec un homme qui était dans une course. Et il ne se souciait pas de gagner la course de manière juste ; aussi, il tirait sur les autres personnes. Il a tiré sur quelques personnes mais il ne se souciait toujours pas d’avancer ; aussi, ils ont emmené la ligne d’arrivée vers lui. Au lieu qu’il se dirige vers la ligne d’arrivée, ce sont les organisateurs de la course qui ont emmené la ligne d’arrivée vers lui. Nous avons fait à peu près la même chose avec la religion. Les Prophètes sont venus et nous ont dit que la ligne d’arrivée est ici. La ligne d’arrivée de la course est «Ash’hadou an la ilaha illallah ». « Ash’hadou » signifie « je témoigne » tout comme un témoin au tribunal qui a vu quelque chose et qui témoigne avoir vu cette chose. « Illà » a plusieurs significations et l’une d’entre elles est une grotte. Vous imaginez une journée de pluie durant laquelle vous entrez dans la grotte et vous vous sentez en sécurité. «Ash’hadou an la ilaha illallah » veut dire que je témoigne que sur cette terre, il n’y a aucun endroit de sûreté mis à part avec Dieu. Et nous devons avouer que 99% d’entre nous ne sommes pas arrivés à ce stade. Nous trouvons la paix et la sécurité chez nos amis et nous ne voyons pas Dieu dans nos amitiés. Beaucoup d’entre nous trouvent la tranquillité en regardant des séries mais nous ne voyons pas Dieu quand nous regardons des séries. Ainsi, la course n’est pas terminée. Quand vous dites « Ash’hadou an la ilaha illallah », vous voulez dire : « J’ai regardé partout et je me suis rendu compte qu’il n’y avait la sûreté à aucun endroit, mis à part avec Dieu. » Et c’est ce que dit Imam Ali (a) : « Je ne vois rien où il n’y a pas Dieu. »

Dans la Sourate Ibrahim, le peuple dit : « Nous sommes dans le doute par rapport à ce vers quoi vous nous appelez ». Et le Prophète dit : «Y a-t-il même un doute en Dieu ? »
Quand les Prophètes regardaient le monde, ils voyaient Dieu partout. Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous sommes comme le peuple de Nabi Ibrahim (a), nous sommes dans le doute. Nous ne voyons pas Dieu. Voyez-vous la main de Dieu derrière votre vie ? Ainsi, si nous ne sommes pas encore arrivés à la ligne d’arrivée, cela montre que nous avons encore un long voyage à faire. Imam Houssayn (a) dit : « Les yeux qui ne Te voient pas sont aveugles. » C’est notre cas. Mais inshaAllah, nous réussirons.

À suivre inshaAllah ! 🌈

Source : https://youtu.be/7t5DEKfLp18
Traduit par l’équipe Shia974 ✨

z

Orateur

j

Date

23 mai 2022