1. Introduction : la décision incomprise d’Imam Houssayn (as)
Est-
D’autres sont allés plus loin en estimant qu’Imam Houssayn (as) est allé ainsi au devant de la mort, mettant en péril sa propre famille, pour satisfaire des desseins et des désirs terrestres, à savoir la lutte pour le pouvoir contre les Omeyyades. Les gens se demandent pourquoi il a laissé sa famille l’accompagner. Première constatation et première contradiction : il est curieux de voir un homme qui veut, soi-
Cette problématique est finalement une très belle opportunité pour explorer des thèmes clé de la théologie islamique. Car il faut comprendre que cette question est également soulevée pour les autres Imams (as). Prenons quelques exemples pour illustrer ce propos. Le 19 Ramadhan de l’an 40 A.H, lorsqu’Imam Ali (as) se rendait au Masdjid al-
Pour qu’aucun doute ne subsiste dans nos esprits, il est essentiel de traiter ce sujet sous différents angles de vue afin de saisir pleinement toute la philosophie de l’acte d’Imam Houssayn (as) mais aussi celle des autres Imams (as) qui n’ont absolument pas commis de suicide :
1. Quelle est l’opinion des autres religions et philosophies sur le suicide : est-
2. Est-
3. Quels sont selon le Saint Qur’an les attributs et les qualités qu’une personne doit avoir pour qu’elle puisse avoir le privilège de bénéficier de la connaissance d’un événement avant qu’il ne se produise ?
4. En quoi le concept du « 30000 contre 18000 » est crucial dans notre réflexion ? En effet, 30000 soldats ont fait face à Imam Houssayn (as) et près de 18000 combattants devaient initialement être aux côtés d’Imam Houssayn (as).
5. Pourquoi l’adhésion de Janabe Hur (as) le jour d’Achoura met-
L’analyse précise de chacune de ces questions apportera des éléments de compréhension de l’attitude de Houssayn ibn Ali (as) et de l’ensemble des Imams (as).
2. L’opinion des religions sur le suicide
Le mot suicide porte intrinsèquement une connotation fortement négative. Il n’y pas énormément d’être humain qui pourrait dire à un autre : « rappelle moi quel jour tu vas te suicider car je veux être associé à ce grand moment. » Il est pour ainsi dire impossible de trouver une seule personne dire que le suicide est un acte plaisant. Même dans la société japonaise le suicide est associé à un acte ultime qui permettra à un homme de regagner son honneur. Encore une fois, c’est un acte qui porte en lui la négation même de la réussite et l’expression d’une fuite en avant.
Le sens commun dira qu’une personne qui se suicide est psychologiquement fragile, dans un état de désespoir ou est une personne qui affronte ce monde et ses épreuves dans un état psychologique chaotique. En voyant le monde, ces personnes n’aspirent plus à rien et n’ont qu’une seule envie : juste baisser les bras, arrêter de lutter et s’avouer vaincus. Il y dans ce geste un refus d’affronter les épreuves et les difficultés qui viennent frapper de front leur existence. C’est bien là l’un des fondements expliquant pourquoi les religions et les philosophies de ce monde condamnent majoritairement le suicide. Prenons des exemples de grandes religions et décrivons brièvement leur opinion.
2.1. L’opinion des autres grandes religions de notre époque
L’hindouisme : cette religion ou philosophie est pratiquée par près de 80% de la population indienne. La théologie hindoue porte un regarde extrêmement sévère sur le suicide. En effet, elle estime que lorsqu’une personne se suicide, cette dernière déclenche une séparation artificielle, autrement dit non naturelle, entre son âme et son corps. Qu’est-
Les sikhs : selon les sikhs, Dieu est le Seul à donner la vie et à la reprendre. Il lui donne par ailleurs la responsabilité du corps. Lorsqu’un être humain décide de se suicider, il enfreint ce principe et s’accorde un droit qui est l’attribut de Dieu seul: le droit de se donner la mort. Le suicide est donc considéré comme une offense et une désobéissance à Dieu.
Le judaïsme : le judaïsme juge très négativement le suicide pour deux raisons fondatrices essentielles. La première raison est que le suicide est un déni du pouvoir de la supplication qui relie le Créateur et la créature. Cela signifie que quelque soit la situation d’une personne, son état de besoin, ses difficultés et l’adversité, Dieu sera là pour lui et lui apportera de l’aide, par la seule puissance des prières et des supplications. En se suicidant, une personne, outre le déni de la puissance de la supplication, dénie également l’existence de ce lien privilégié qui existe entre lui et son Créateur. La seconde raison pour laquelle le judaïsme condamne le suicide est qu’il considère que l’homme, qui a lutté pour son premier souffle, doit partir de ce monde en luttant pour son dernier souffle. L’homme a la volonté innée de lutter et de trouver son chemin. Le judaïsme refuse donc le départ dans le chaos qui est l’état d’un homme qui fait le choix de ne plus lutter. Le judaïsme propose la conclusion suivante : « Ô homme ! Tu nais en luttant alors quitte ce monde en luttant. »
2.2. La vision islamique
L’Islam adopte une opinion qui est en droite ligne des thèses que nous venons de présenter. Tout acte de suicide, sous quelque forme que ce soit, est condamné par l’Islam. Le Saint Coran dit clairement: « […] Et ne vous tuez pas vous-
Le suicide est, comme nous l’avons vu pour la religion juive, une forme de déni de ce lien ultime et exceptionnel qui lie le Créateur à Sa créature. Lorsqu’une personne est opprimée et qu’elle a l’impression que le monde s’écroule sur elle, il suffit d’une prière ou d’une supplication pour que les choses changent du tout au tout. On demanda un jour à Imam Hassan (as) quelle était la distance entre le paradis et l’enfer. Imam Répondit : « ce sont les pleurs d’un opprimé durant son invocation. » Le Saint Coran dit d’ailleurs : « et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi, alors Je suis tout proche : Je réponds à l’appel de celui qui Me prie quand il Me prie. Qu’ils répondent à Mon appel, et qu’ils croient en Moi, afin qu’ils soient bien guidés. » (Sourate 2 [al-
Affronter le monde est inscrit dans l’essence même de l’être humain. En se suicidant pour échapper à ce monde, l’être humain refuse de l’utiliser pour atteindre la perfection et la proximité de Dieu. Le monde ici-
Après le polythéisme, le suicide est le second plus grand péché. En effet, le suicide est la conséquence du désespoir et ce n’est pas provocation que de dire que c’est l’un des plus grands péchés selon l’Islam. C’est en effet un état où l’homme place son Créateur au même niveau que Sa créature. Perdre espoir et par extension le suicide est un signe de la perte de la foi et de la confiance dans la capacité d’Allah à aider et à venir au secours de Sa créature. C’est comme si l’on disait finalement à Allah (swt) : « Dieu, même Toi ne peux changer ma situation. » N’a-
Que conclure de cette première partie de l’analyse ? Les événements de Karbala prouvent d’une part qu’Houssayn ibn Ali (as) n’a pas manqué de courage, ni de bravoure, ni même de sens de l’adversité. On ne peut donc pas mettre en avant la thèse du suicide pour justifier ce qui a eu lieu à Karbala. Par ailleurs, il est inconcevable que cet homme dont l’éducation fut assurée par trois piliers de l’Islam, à savoir le Saint Prophète (saww), Imam Ali (as) et Fatema binte Muhammad (ahs), puisse commettre un acte contraire aux principes islamiques. Imam Houssayn (as) ne peut aller à l’encontre du Saint Coran et de la sunna de son grand-
3. La possibilité de connaître un événement avant qu’il se produise
Beaucoup de musulmans, même chiites, se posent la question suivante : comment un homme, en l’occurrence Imam Houssayn (as), peut avoir la connaissance d’un événement futur ou plus simplement la connaissance de l’invisible ?
Beaucoup s’interrogent sur cette croyance qui affirme qu’Houssayn ibn Ali (as) avait connaissance des événements de Karbala avant qu’ils aient lieu. Pour prouver que cela est impossible, les opposants à cette thèse mettent en avant ce verset du Saint Qur’an « Dis : “Nul de ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaît l’Inconnaissable, à part Allah.” Et ils ne savent pas quand ils seront ressuscités ! » (Sourate 27 [an-
Ce qui est déplorable, c’est l’utilisation de tous ces versets du Saint Qur’an en occultant le contexte dans lequel ils furent révélés. Par ailleurs, cette thèse ignore complètement d’autres versets très précis du Saint Qur’an qui démontrent la possibilité pour un être humain de connaître l’invisible, mais à certaines conditions. Expliquons tout cela.
3.1. La connaissance absolue et indépendante
Reprenons le premier verset : « Dis : “Nul de ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaît l’Inconnaissable, à part Allah.” Et ils ne savent pas quand ils seront ressuscités ! » (Sourate 27 [an-
Analysons à présent l’autre verset utilisé pour justifier que le Prophète (saww) lui-
3.2. La connaissance de l’invisible des prophètes de Dieu
Nous venons d’expliquer que la connaissance absolue et indépendante appartient à Dieu seul. Mais il incombe à Dieu de la partager et de l’apprendre à Ses créatures. Expliquons cela avec l’aide du Saint Qur’an :
Le Prophète Issa ibn Maryam (as) : « En vérité, je viens à vous avec un signe de la part de votre Seigneur. Pour vous, je forme de la glaise comme la figure d’un oiseau, puis je souffle dedans: et, par la permission d’Allah, cela devient un oiseau. Et je guéris l’aveugle-
Le Prophète Youssouf (as) : emprisonné dans les geôles égyptiennes, deux codétenus demandent au Prophète Youssouf (as) d’interpréter leur rêve. « ”Ô mes deux compagnons de prison! L’un de vous donnera du vin à boire à son maître; quant à l’autre, il sera crucifié, et les oiseaux mangeront de sa tête. L’affaire sur laquelle vous me consultez est déjà décidée.” Et il dit à celui des deux dont il pensait qu’il serait délivré: ”Parle de moi auprès de ton maître” » (Sourate 12 [Youssouf] – Verset 39 à 40). Allah (swt) a également accordé au Prophète Youssouf (as) la connaissance d’un événement avant qu’il ne se produise : « Ô mon père, j’ai vu [en songe], onze étoiles, et aussi le soleil et la lune; je les ai vus prosternés devant moi. » (Sourate 12 [Youssouf] – Verset 3). Cette vision est celle d’un événement qui se produira, celui de ses frères et de ses parents se prosternant devant lui après qu’il soit nommé gardien des territoires par le souverain égyptien. Lorsqu’on demande au Prophète (saww) d’où lui venait cette connaissance de l’invisible (interprétation des rêves), il répondit : « Cela fait partie de ce que mon Seigneur m’a enseigné. » (Sourate 12 [Youssouf – Verset 3).
Le Prophète Ibrahim (as) : il a vu dans ses rêves qu’il devait sacrifier son enfant, cet enfant qu’il avait eu tant de mal à avoir. Il a été informé de ce sacrifice avant même qu’il n’ait lieu. « Puis quand celui-
Le Saint Prophète (saww) : le Saint Prophète (saww) fut aussi informé d’un événement avant qu’il ne se produise, exactement neuf ans après que cela lui soit révélé. La Sourate 30, ar-
3.3. La connaissance de l’invisible des Saint Imams (as)
Au regard de ces arguments, certains pourraient encore rétorqué que seuls les prophètes de Dieu bénéficiaient de ce savoir de la part d’Allah (swt). Pour le justifier, on met en avant le verset suivant pour contester que les Imams (as) possédaient eux aussi ce savoir : « Il ne dévoile Son mystère à personne, sauf à celui qu’Il agrée comme Messager et qu’Il fait précéder et suivre de gardiens vigilants » (Sourate 72 [al-
L’un des meilleurs versets pour prouver que les Imams (as) bénéficiaient eux aussi de l’ilme Ghayb est sans doute l’ayat al Kursi dans lequel Dieu dit : « Et, de Sa science, ils n’embrassent que ce qu’Il veut » (Sourate 2 [al-
3.4. L’invisible partiellement dévoilé aux créatures choisies par Dieu
Les prophètes (as) de Dieu ainsi que les Imams (as) avaient, par décret divin, une connaissance de l’invisible et des événements futurs. En réalité, Dieu enseigne la connaissance de l’invisible à des hommes et des femmes tout à fait normaux mais choisis par Lui. Nous verrons plus tard les qualités à avoir pour qu’Allah (swt) enseigne certains secrets de l’invisible à une personne. Car en vérité, la foi seule ne suffit pas. Prenons les exemples de Meesam-
La question qui s’impose naturellement est de savoir s’ils ont été informés précisément du lieu et de la date de ces événements et de la main de qui ils allaient périr. Reprenons l’exemple de Meesam. Il y avait à Kufa un groupe d’arbres et chaque jour il allait arroser chacun des arbres. Lorsqu’on demanda à Meesam pourquoi il arrosait ainsi chaque arbre, il répondait qu’il allait mourir sur l’un de ces arbres. Savait-
En conclusion : Dieu seul possède le savoir absolu et indépendant. Dieu seul choisit Ses créatures à qui Il veut enseigner la connaissance de l’invisible. Parmi ces êtres choisis, il y a les prophètes (as), les Aymmah (as) et des hommes et des femmes d’exception. Si quelqu’un s’interroge pourquoi certaines de Ses créatures bénéficient de ce savoir et pourquoi pas tout le monde ? » La réponse est simple. Avoir la foi n’est pas une condition suffisante. Certains attributs et qualités sont indispensables pour bénéficier d’une connaissance de l’invisible.
4. Attributs et qualités requises pour bénéficier de la connaissance de l’invisible
Personne mieux que le prophète Khizr (as) ne pourrait nous révéler les qualités et les attributs nécessaires pour que Dieu nous accorde la connaissance de l’invisible.
Le prophète Moussa (as) pensait qu’il possédait le plus de savoir que n’importe qui autour de lui. Allah (swt) envoya alors Jibraïl Amine : « Jibraïl, va et dit à Moussa de chercher une personne avec plus de savoir que lui. » Nabi Moussa (as), apprenant cet ordre, demanda : « que veux-
Faisons un aparté pour analyser un peu la réaction de nabi Moussa (as). Même un prophète de Dieu est prêt à apprendre malgré son âge et sa position. Cela nous apprend que l’acquisition du savoir se fait bien avant la naissance et même avant la conception jusqu’à la tombe et non pas jusqu’à dix-
La connaissance de la sharia de Nabi Moussa était la plus complète tandis que la connaissance de l’invisible de Nabi Khizr (as) était plus importante que celle de Nabi Moussa (as). Arrivée auprès du prophète Khizr (as), Moussa (as) lui dit : « je suis venu apprendre auprès de toi. » Khizr (as) lui répond : « toi ? Saches donc que tu n’as pas la patience pour endurer la connaissance que je possède. » Devant l’insistance de Moussa (as), Khizr (as) accepta de l’enseigner : « je te prends avec moi mais à condition que tu ne me poses pas de question sur ce que tu verras. » Moussa (as) accepta et ils se mirent en route. En chemin, ils virent un petit bateau dans lequel Khizr (as) fit un trou. Moussa (as), choqué par ce geste lui dit : « mais que fais-
Au bout d’un moment Khizr (as) se décida à expliquer à Moussa (as) les raisons de ses actes : « je vais à présent te donner le sens de ce savoir. » Moussa (as) lui demanda : « explique moi d’abord pourquoi avoir fait un trou dans le bateau tout à l’heure? » Khizr expliqua : « ce bateau était la propriété d’une modeste famille des environs. J’y ai fait un trou suffisamment petit pour être réparable et suffisamment grand pour qu’il soit visible pour éviter que le roi, qui passera bientôt près de l’embarcation, ne le vole. J’ai donc agi ainsi pour m’assurer que ce bien reste la propriété de cette famille. » Moussa continua : « pourquoi as-
Le prophète Khizr demanda alors à Moussa (as) de le suivre. Ils marchèrent ensemble jusqu’au bord de la mer. Là Khizr (as) expliqua : « Moussa, regarde cette mouette. Regarde comment elle plonge dans la mer. Moussa, regarde bien comment cette mouette ressort de l’eau. Regarde bien cette goutte d’eau qui tombe de son bec.» Moussa (as) répondit : « je le vois. » Khizr poursuivit : « Moussa, sache que notre niveau de savoir par rapport à Allah (swt) est aussi grande que cette goutte d’eau comparé à l’océan. Il y a des choses que tu connais mais que moi j’ignore et inversement. Et le savoir de chacun dépend d’Allah (swt). »
Quels enseignements retenir de cet anecdote : tout d’abord, Dieu accorde la connaissance de l’invisible à ceux qu’Il a choisi. Ce qui caractérise ces élus c’est leur capacité à la préserver et à la protéger grâce à leur patience, leur endurance et leur grande humilité : même si ce savoir les concerne directement, ils ont cette retenue et ce courage pour ne pas en abuser et le détourner à des fins personnels. Soyons clair : sincèrement, si j’avais été à la place d’Ali ibn Abi Taleeb (as), aurais-
5. La grandeur d’Imam Houssayn (as) face à son destin tragique
Cela nous amène à considérer la personnalité même d’Imam Houssayn (as) afin de montrer qu’il réunissait toutes les conditions pour bénéficier de la connaissance de l’invisible, et en l’occurrence la connaissance des événements de Karbala. Outre le fait qu’il soit un Imam de droit divin, il faut retenir trois choses :
En premier lieu : il avait l’humilité pour ne pas abuser de ce savoir et pour ne pas l’utiliser à des fins personnels. Tout savoir accordé par Dieu, lorsqu’il est destiné aux Imams (as) ou aux prophètes (as) vise d’abord une utilisation précise : la diffusion du message divin, la réforme des hommes, la préservation de leur foi ou encore leur bien-
En second lieu : il avait la patience nécessaire pour protéger ce savoir si lourd. Imaginez juste un instant la patience infinie qu’il lui a fallu pour accepter le fait que non seulement il perdrait la vie dans ce désert, mais deux de ses fils, dont un de six mois, ses frères, cousins, amis et compagnons y seraient tués dans des conditions atroces. Imaginez la patience incommensurable qu’il lui a fallu pour vivre avec la connaissance qu’un jour, sa tendre fille, son illustre sœur, son fils malade et tous les enfants et les femmes de sa caravane auraient à subir le terrible voyage de Karbala à Kufa et puis de Kufa à Sham, avec le voile arraché pour les femmes, les corps des meurtris par les coups des tortionnaires pour les enfants mais aussi avec l’humiliation d’un despote sanguinaire. Que de patience pour porter une telle connaissance !
En troisième et dernier lieu : une chose vitale doit être comprise car c’est un des arguments forts qui prouvent qu’Imam Houssayn (as) ne s’est pas suicidé à Karbala le 10 Muharram de l’an 61 A.H. Si nous reprenons le cours des événements, on se rend compte qu’Imam Houssayn (as) a systématiquement cherché à éviter l’affrontement armé. Lorsqu’il se trouvait à Médine, voulant éviter toute violence, il décide de quitter la ville de son grand-
Au moment où Imam Houssayn (as) s’apprêtait à quitter Médine, Oume Salma l’implora : « ô Houssayn (as) ! Ne quitte pas Médine. Tu laisseras une grande tristesse dans nos cœurs. » Imam Houssayn (as) répondit : «ô ma grand-
6. Le rapport de force à Karbala
L’une des raisons pour laquelle beaucoup de monde a cru que Karbala était un suicide est le rapport des forces en présence à Karbala.
6.1. Le rapport du nombre
A Karbala, près de 30000 soldats ont fait face à 72 partisans d’Imam Houssayn (as). Cela laisse indéniablement penser qu’avec un tel rapport de force, Imam allait délibérément à sa perte. La réalité historique est bien différente et trop souvent laissé de côté. Initialement, l’armée qui devait être aux côtés d’Houssayn (as) devait s’élever à 18000 hommes. Ce qui ramène le rapport de force à 1 contre 2. Des guerriers aussi valeureux que Hazrat Abbas (as), Hazrat Ali Akbar (as), Zoher Ibn al-
Que s’est-
6.2. Le rapport de charisme
Les yeux d’une personne sont, comme le dicton le dit, le reflet de son âme. Lorsque vous les regardez, vous pouvez deviner quel est l’état d’esprit et les sentiments qui traversent une personne. Dans les combats au corps à corps qui caractérisaient l’époque, les yeux étaient une arme importante et les combattants avaient pour habitude de s’observer les yeux dans les yeux afin de mesurer la force, la volonté et la détermination des adversaires. Ceux qui ont combattu contre ou avec Ali Ibn Abi Taleeb (as) expliquait que lorsqu’il regardait les yeux de ses adversaires, il savait qu’il allait gagner et il savait que son adversaire avait pris conscience de sa défaite et que ce dernier ressentait la pression de cette sensation. C’était une sensation terriblement aliénante. De la même façon, si les yeux d’Imam Houssayn (as) reflétait une envie de mourir ou un désespoir alors jamais Hur Ibn Ryah, ce très grand soldat et commandant, n’aurait décidé de changer de camp le jour de Achoura.
Avez-
Sayed Shaheed Mutaharri raconte, d’après le récit des historiens, que le jour de Achoura, le corps allongé sur la terre de Karbala d’Imam Houssayn (as) faisait penser à un hérisson, tellement il y avait de flèches dans son corps. De nombreux soldats ont tenté de décapiter la tête d’Imam Houssayn (as) sans y parvenir. Il a surtout fallu le cœur de pierre de Shimr pour y arriver. En effet, Sayed explique: « chaque fois qu’un soldat approchait, il ne voyait pas les flèches dans le corps de Houssayn (as) mais les attributs des grands hommes. Une flèche représentait la tolérance, une autre l’honneur, une autre la patience, une autre l’humilité et encore une autre l’intégrité. Lorsqu’il regardait ces flèches, il voyait un homme incroyablement vivant. » Lorsqu’un soldat approchait du corps de Houssayn (as) pour le décapiter, il pensait qu’il était mort ou tout au moins dans un état de profond désespoir. Et comme il s’approchait de la tête d’Imam Houssayn (as), il l’entendait dire: « O Allah! Qu’ai-
Ce n’est pas là l’expression d’un désespoir mais celle d’un homme qui sait qu’il est victorieux. C’est ce qui inspirera à Sayed Shaheed Mutaharri ces mots stupéfiants: « ce n’est pas un homme contre 30000 mais c’est 30000 s’opposant à un homme unique. » 30000 contre 1, ce rapport est d’une puissance incroyable sur le plan psychologique: Yazid a été obligé de mobiliser 30000 hommes pour parvenir à tuer un homme, sans parvenir à le faire disparaître au delà de la mort. Des compagnons d’Imam Houssayn (as) ont témoigné de ce charisme, de cette puissance de conviction et de cette détermination, une attitude bien éloignée du désespoir ou d’une volonté de suicide. Un des compagnons d’Imam (as) était connu pour être une personne extrêmement renfrognée. Le 10 Muharram, à Karbala, les autres compagnons le virent le visage radieux et habillé d’un sourire qu’ils n’avaient jamais vu auparavant. Ils lui demandèrent: « toute ta vie tu es resté bougon et grognon avec les gens mais aujourd’hui nous te voyons sourire. Explique-
7. Conclusion
Dire qu’Imam Houssayn (as) s’est suicidé le 10 Muharram est une erreur considérable et une méconnaissance, non seulement du contexte historique mais aussi par rapport à la personnalité d’Imam Houssayn (as). Le seul ralliement de Hur Ibn Ryah est une preuve ultime de ce qu’était réellement la position et l’état d’esprit d’Imam Houssayn (as) le jour de Achoura. Ce que Hur a vu c’était un homme plein de vie et de combativité, un homme animé par la passion de l’Islam et déterminé à préserver l’intégrité du message et de la sunna de son grand-
Imaginons juste un instant à quel point cela a été dur pour ses proches de perdre un tel homme. Imaginez juste un instant que ce soit notre père. Ne serait-
Imaginons juste ce père qui quitte pour toujours sa petite fille adorée: ce serait juste indécent que de penser que cet homme ait pu consentir tant de sacrifices uniquement pour une lutte de pouvoir ou qu’il ait entrainé dans une soi-
Traduit par l’équipe de http://misbah.fr