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Shia 974 ( Chiite à l'Ile de la Réunion )
Divers articles


ET ILS VECURENT HEUREUX ET EURENT BEAUCOUP D'ENFANTS???

Ils vécurent à jamais heureux ?

Candides expériences de mariages interconfessionnels
De Shyrose Jaffer Dhalla




(Note de l’éditeur
: Ja’fferi News exprime sa gratitude envers ces différents couples qui ont si généreusement partagé avec nous, des anecdotes de leur vie privée. A cause de la nature sensible du sujet, les noms de certains des intervenants ont été changés et marqués par un astérisque *)

La voix poétique du Muezzin récitant l’Azan de la prière de Maghrib, remplit d’émotions le cœur de Fatima alors qu’elle se tenait, avec les larmes aux yeux, au seuil de sa maison d’enfance à Dar-Es-Salaam.

« Laisser sa jeune fille quitter la maison pour poursuivre ses études est une décision très difficile à prendre pour un parent. » dit son père en secouant sa tête avec tristesse. « Mais je sais que je serai le père le plus fier au monde, lorsque tu retourneras de l’Angleterre en 1974, avec ton diplôme d’infirmière !»

Les Douas qu’il récita ensuite pour la sécurité et la réussite de sa fille ont produit sur son cœur le même effet qu’un baume réconfortant. Elle ferma les yeux lorsqu’elle sentit son père se rapprocher et poser sa main sur la sienne.

« Fatima, ma chère enfant, je t’en supplie » le ton sérieux de son père lui donna des frissons, « Quoique tu fasses, s’il te plaît, s’il te plaît, ne te marie pas avec un homme blanc. »

Deux ans plus tard, malgré son envie désespérée d’obéir à ses parents, la Fatima Kermalli de 24 ans est tombée amoureuse d’un ambulancier de 19 ans, appelé Philip Worthington.

Le stigmate des mariages interconfessionnels a perdu de son ampleur au fil des ans. En effet, on a tendance à accorder un certain prestige et du romantisme à ces « mariages d’amour » qui aboutissent au travers de multiples drames incluant des parents furieux,  des prétendants tenaces et des amoureux tourmentés. Par la suite, les sourires rayonnants des parents et des nouveaux-mariés soulagés, au cours des cérémonies nuptiales sophistiqués, nous offrent l’image d’une fin issue d’un conte de fée classique et de « Ils vécurent à jamais heureux ». Mais cette dédramatisation rend-elle les mises en garde répétées contre les multiples défis associés à un tel mariage, inutiles ? Que se passe-t-il réellement après que le rythme effréné des festivités nuptiales se dissipe et que la routine de la vie normale prend le dessus ?


Contrarier les parents


« Ce fût tellement dur ! » s’exclame Fatima tristement alors que 25 ans se sont déjà écoulés depuis. « Certains membres de ma famille ne m’adressaient plus la parole et mes parents étaient tellement bouleversés. Je suppose que cela devait arriver.  Mais croyez-moi, la dernière chose que je voulais, c’était décevoir mes parents. Ils représentaient tout à mes yeux et je ne voulais pas qu’ils me renient. Les convaincre fut la chose la plus difficile que j’ai jamais eu à faire. J’étais très proche de mon frère, Ashiq Kermalli et il s’est montré tellement compréhensif. Il m’a réellement  aidé à amadouer mes parents. »

« Philip s’est converti mais ils s’imaginaient qu’il était le genre de personne à vouloir de la bière au petit-déjeuner ou quelque chose du genre ! Comment les convaincre que la plupart des Occidentaux ne sont pas comme ça ? Même avant qu’il ne se convertisse, Philip avait pour habitude de me rappeler qu’il était l’heure d’accomplir mes prières ! Il me faisait remarquer qu’il était préférable que je ne mange pas telle ou telle chose sur le menu parce que c’était Haram ! Il m’a appris à lire les étiquettes listant les ingrédients ! Je suppose que pour eux il s’agissait surtout de la peur de l’inconnu. Maintenant que je suis moi-même parent d’enfants ayant atteint l’âge adulte, je peux complètement les comprendre.


Après la conversion


Réussir à convaincre des parents angoissés ne représentait que le début des problèmes de Nasim Dharamshi, qui elle est tombée sous le charme d’un garçon Ismaéli à l’âge de 21 ans. « Ils étaient vraiment contrariés » nous confie-t-elle, « mais lorsqu’ils ont vu qu’il m’aimait vraiment, ils se sont dit qu’il va sûrement prendre soin d’elle. De son côté, il avait compris ce que ma religion représentait à mes yeux, alors il m’a promis qu’il se convertirait. Je lui ai fait savoir que je ne voulais pas qu’il se convertisse juste pour moi, mais il m’a rassurée en me disant que certains membres de sa famille sont eux aussi Itnasheri. » Peu de temps après le mariage, le couple déménagea de Londres en Angleterre vers Calgary au Canada où il avait quelques cousins. Il n’existait pas d’Itnasheri Jamat établie à Calgary en ce temps-là, mais il y avait des Jamatkhanas Ismaélis. Et il ne lui a pas fallu longtemps avant qu’il commence à se rendre au Jamatkhana.

« Au départ, il priait et il jeûnait alors je pensais qu’il se rendait au Jamatkhana pour le côté social. Je me disais qu’au moins il accomplit le Namaz. Mais peu à peu, il était de plus en plus attiré par eux et il se rendait au Jamatkhana au milieu de la nuit comme les Ismaélis ont l’habitude de faire. On lui mettait même la pression pour qu’il amène sa femme avec lui ! J’ai été tellement blessée par son attitude. Je me suis sentie tellement trahie. Au bout d’un certain temps, il passait tout son temps avec eux, tandis que je me retrouvais toute seule pendant des heures durant, avec notre petit garçon. Je me demandais alors si cette histoire de conversion était juste une ruse pour m’avoir et pour m’épouser. »

Etre dans un couple interreligieux, place l’une des personnes dans une situation embarrassante où elle devient une autorité en matière de sa propre religion. Cette situation provoque non seulement des ravages en raison du rapport de force qui se crée dans la relation mais en plus, elle entraîne une pression et une responsabilité qui peut éventuellement mener à un sentiment de culpabilité lorsque les choses n’évoluent pas aussi bien que prévu.

« Il est difficile d’enseigner sa religion à quelqu’un d’autre » explique Nasim « Vous devez vous-mêmes avoir beaucoup de connaissances pour cela et la personne en face doit être motivée pour apprendre. C’était tellement frustrant. Je me sentais tellement impuissante et tellement déprimée parce que je n’arrivais pas à le garder sur le droit chemin. »

L’expérience de Philip et Fatima Worthington a été plus positive. « Je n’avais pas vraiment de religion » explique Philip. « Mais quand j’ai rencontré Fatima et que je la voyais prier,  je lui demandais pourquoi elle le faisait et ses explications me paraissaient censées. J’étais stupéfait par ce mode de vie. C’était très terre à terre et il n’y avait rien d’anormal à cela. Je me suis fait un enregistrement du namaz et je priais en m’aidant de ça. Un an plus tard, nous sommes allés pour un long voyage de noces à Dar-es-Salaam. Et c’est à ce moment-là que ses parents et moi, nous nous sommes vraiment rapprochés. »

« Allah (swt) a vraiment pris soin de nous » dit Fatima Worthington avec gratitude. « Peut-être que le fait qu’il ne suivait aucune religion particulière est la raison pour laquelle il a pu se convertir aussi facilement. »

Hamida Jessa* a elle aussi épousé un homme qui ne pratiquait pas sa religion (Hindouisme). « Il me disait que j’étais libre de pratiquer ma religion » explique-t-elle. « Et il a tenu sa promesse, je prie et jeûne sans me cacher et j’accroche des Versets du Coran sur nos murs. Il me dépose même à la mosquée. Mais j’ai très vite réalisé que le mariage consiste à être ensemble, même dans le culte. Quand vous ne pouvez pas prier ensemble et que vous ne pouvez pas croire au même Dieu, cela peut s’avérer être une expérience très solitaire. Presque 30 ans ont passé et même s’il respecte l’Islam, il n’a pas changé. Il n’est tout simplement pas convaincu. Chaque jour, je prie Allah (swt) pour qu’il guide mon mari. »

« Je ne sais pas, je ne suis pas sûre que les mariages interconfessionnels puissent vraiment fonctionner. » dit Nasim Dharamshi. « Peut-être que cela peut marcher quand les deux époux ne sont pas religieux dès le départ. Mais alors, vous ne pouvez pas savoir si l’un des deux époux va subitement découvrir Dieu. Ce que je veux dire c’est que mon mari n’était même pas un fervent Ismaéli quand je l’ai rencontré. C’est après le mariage qu’il a commencé à se tourner vers ses origines Ismaélis. Et d’ici là, il était trop tard pour faire marche arrière car nous avions déjà un enfant.  »

Changer de religion est un acte profondément personnel qui nécessite un transfert de croyances, de valeurs et d’attitude, absolu et interne. Même si chaque mariage d’amour débute avec les meilleures intentions, il est important de comprendre qu’une conversion est plus facile à dire qu’à faire. L’étape la plus difficile d’une conversion pour une personne n’est pas la récitation de la Shahada mais plutôt la confrontation avec les challenges non anticipés au moment de pratiquer sa foi. Ainsi, il existe toujours un risque potentiel que le partenaire aimant, qui a sincèrement fait une tentative de changer, puisse réaliser un jour qu’il ou elle est incapable de vivre avec le choix qu’il ou elle a fait involontairement.

« Un divorce, ce n’est pas sain. » soupire Hamida Jessa. « La perspective d’avoir nulle part où aller, de faire face aux parents qui vous avaient dit ‘ne reviens pas nous voir s’il te laisse tomber’ et d’être une personne divorcée ; toutes ces choses vous retiennent. Alors, je me contente de me concentrer sur ce qui est bien chez mon mari et j’essaie d’accepter ma situation. »


Habitudes alimentaires/ Coutumes/ Habillement/ Traditions


Les personnes qui sont capables d’aimer et de se marier par-delà les frontières raciales rapportent très souvent qu’ils avaient dès le départ une certaine fascination avec la culture opposée. Pour cette raison, la question des habitudes alimentaires devient moins problématique puisque les deux époux sont décidés à goûter et à expérimenter.

Toutefois, pour les femmes, la question qui se pose est comment faire pour présenter des plats provenant des deux cultures.

« J’ai pris des cours pour apprendre à faire cuire des tartes. » dit en souriant Shaheen Moledina, qui est mariée avec Zulfiqar (Peter) depuis plus de 5 ans. « Il adore la cuisine indienne mais je ne voulais pas le priver des plats avec lesquels il a grandi. Il est issu d’une famille irlandaise très traditionnelle et soudée et même si j’ai grandi ici, j’avais encore beaucoup à apprendre. C’est bien plus de travail qu’on ne le croit. Il y a sans aucun doute un fossé culturel et on le ressent très particulièrement lorsque l’on participe aux évènements dans l’autre famille. Par exemple, quand c’est Thanksgiving, il y a de la dinde, mais vous ne pouvez pas en manger parce que ce n’est pas Halal. »

« Vous ne voulez pas paraître impoli ou ingrat » explique Fatima Worthington. « Je me rappelle qu’une fois ma belle-mère a dû faire des frites pour moi parce que je ne pouvais pas manger les autres plats qu’il y avait sur la table, mais elle les avait fait frire dans du lard ! J’ai été obligée de lui dire ‘Je suis désolée mais je ne pourrais pas manger ça non plus !’, et ce même jour, Philip et moi, sommes allés lui acheter de l’huile végétale et une nouvelle poêle. »

« Ce sont des petites choses sur le plan culturel » explique Shaheen. « Par exemple, mes beaux-parents ont un chien, Zulfiqar aime tout planifier et n’aime pas la foule. Sa famille ne comprend pas la pudeur ; ils pensent que je me cache d’eux ! Quand nous allons leur rendre visite, pour moi c’est normal d’emmener un plat que j’ai cuisiné moi-même, alors qu’il est plus approprié d’apporter une boîte de chocolat. » Ne pas savoir comment se comporter et ce que l’on attend de nous, peut créer une atmosphère tendue.

« Vous ne voulez pas être incompris et votre propre conjoint peut penser que vous faites la difficile alors que vous vous contentez d’être vous-mêmes. » dit Shaheen en ricanant. « Quand je me rends chez ses parents, j’observe minutieusement et je prends des notes mentalement pour avoir des idées. Les choses peuvent devenir compliquées, spécialement lorsque les parents lointains organisent des dîners en famille. »

« Au début, » dit en souriant Fatima Worthington « il y avait des moments, comme dans une boutique, où je devais expliquer à Philip que ‘je ne peux pas porter cette tenue car elle n’est pas appropriée’. Il y avait des fois où je me disais ‘Oh mon Dieu, ça ne va jamais marcher’, mais Allah (swt) nous a guidés. »

« Je suis tombé amoureux de Fatima pour ces mêmes qualités, » explique Philip. « C’était son éducation, ses croyances, sa philosophie et son attitude qui la rendaient si attirante, belle, gentille et bienveillante. J’ai aimé la complicité qu’il y avait entre ses frères et sœurs, ses bonnes manières et sa façon de mener une conversation. »

Emmener son conjoint fraîchement converti à la mosquée nécessite également une organisation au préalable et une préparation mentale. « C’était sans aucun doute accablant,» se rappelle Philip en parlant de sa première expérience des Majalisses de Moharram. « Je veux dire voir des hommes adultes pleurer, je n’avais jamais vu quelque chose comme ça auparavant. Mais Fatima m’a tout expliqué sur la Bataille de Karbala et sur la façon dont les gens s’habillaient à la mosquée etc,… Et je me suis dit : ‘Bon sang, c’est tellement censé.’ Et les larmes ont coulé tout naturellement. »


Se faire accepter


Chaque jour ces époux doivent faire face à leur réalité de couple interconfessionnel.

« A chaque fois, les gens nous dévisagent. » dit Shaheen en secouant la tête avec résignation. « Aller dans un centre commercial signifie se faire observer en faisant les courses. Quand vous allez au restaurant, plus particulièrement dans les petites villes comme la ville natale de Zulfiqar, Belleville, les serveuses nous demandent si nous souhaitons avoir des additions séparées ! On doit également faire face aux préjugés, comme le fait que les gens présument que parce que vous avez eu un mariage d’amour, vous êtes une fille très « ouverte » ou quelque chose comme ça. Vous vous retrouvez à raconter l’histoire de votre vie aux gens ! »

« Après le mariage », se rappelle Philip Worthington, « nous nous sommes installés dans un village appelé Whitchurch situé à 80 miles de Londres (Angleterre). Les gens osaient s’arrêter pour jeter un coup d’œil dans la poussette de notre bébé, pour voir notre enfant aux cheveux foncés et aux yeux foncés. Les gens continuent à nous dévisager au centre commercial et lorsque je vais à la mosquée, les gens me regardent comme si j’étais bizarre, vert, un Martien venant de Mars ! Au travail, ils me surnomment le Bonhomme Anglais Musulman, mais au moins ils viennent me voir lorsqu’ils ont des questions sur l’Islam. A la mosquée personne ne me parle, ils se demandent tous qui est ce mzungu ; mais j’y vais même si on ne m’adresse pas la parole. Mon objectif est de rendre hommage au Prophète (saw) et aux Imams (as). »

Toutefois, les autres comme Zulfiqar Graham ont eu une expérience plus positive où les gens lui ont fait sentir qu’il était le bienvenu et qu’il était accepté. « Mais je n’oublierai jamais le jour, » dit-il « où une annonce a été faite sur les comités entremetteurs qui a été conclue par ‘afin que nos jeunes se marient au sein de la communauté.’ Je me suis soudainement senti très rejeté. Après cela, je n’ai plus eu envie d’aller à la mosquée pendant plusieurs jours. »

« Nos enfants ont dû faire face au fait qu’on leur donnait des surnoms parce qu’ils sont métis. » dit Philip Worthington. « A plusieurs reprises, nous avons été obligés d’en parler à table pendant le dîner afin de les aider à gérer la situation. »


Belle-famille


Le mariage ce n’est pas seulement l’union de deux individus, c’est également l’association de deux clans. Les expériences des couples interculturels indiquent que cette théorie n’appartient pas uniquement aux Indiens mais à n’importe quel groupe ethnique, sans distinction de couleur. Beaucoup d’interviewés ont rapporté qu’ils se sont sentis pleinement épanouis uniquement après avoir été mariés et après avoir passé beaucoup de temps au sein de leur belle-famille respective.  

« Mon mari est issue d’une famille nombreuse d’origine irlandaise » explique Shaheen Moledina. « Et ils organisent de grandes fêtes pour les anniversaires de chaque membre de la famille, pour Noël, pour Pâques, pour Thanksgiving, pour les anniversaires de mariage, pour les naissances et toutes les occasions ! Et nous sommes assez nombreux ! »

Bien que le conjoint se soit converti à l’Islam, la belle-famille, elle, continue d’appartenir à une autre religion. Ceci peut se révéler particulièrement compliqué puisque l’Islam comprend un code de la vie complet avec tout un ensemble de croyances et de valeurs mais également d’exigences en matière d’habillement et de comportement.

« Ma belle-mère était venue nous rendre visite, » se rappelle Nasim Dharamshi. « Et je suis revenue à la maison après avoir fait la route pendant une heure pour assister aux Majalisses d’Ashoura. C’était Sham-é-Ghariba et elle de son côté, regardait un film indien bien bruyant. J’étais déconcertée pour un moment : aujourd’hui c’est le jour où Imam Houssein (as) a été sauvagement assassiné ! C’est alors que j’ai réalisé. Où suis-je !? Nous sommes si différents ! Qu’est-ce que je fais ici ? »

Plusieurs interviewés ont également évoqué une forte sensation d’inadéquation et un sentiment constant de se sentir exclu par la belle-famille.  Farhana Somani* raconte : « J’ai grandi dans un environnement où la mariée est courtisée, où elle reçoit des cadeaux, où elle est ramenée à la maison en grandes pompes. Je vois à quel point mes amies sont appréciées par leur belle-famille et moi je n’ai pas eu droit à tout cela. Un rejet est très difficile à vivre surtout si vous êtes le genre de personne qui aime recevoir de l’attention et être choyé. C’est difficile d’ignorer cette partie de vous qui vous rappelle que cette famille ne voulait pas de vous. Je ne peux pas m’empêcher de me dire que je ne fais pas partie d’eux, que je ne suis pas celle que ma belle-mère voulait pour son fils. »


Les enfants


L’arrivée d’un enfant peut entraîner des défis dans les relations les plus solides, comme n’importe quel couple ayant des enfants pourrait l’attester. Pour la majorité des interviewés interrogés pour cet article, avoir des enfants a en quelque sorte constitué un tournant décisif dans leur relation.

« Dans un mariage quelconque, » théorise Nasim Dharamshi, « vous aurez des problèmes communs d’argent, de belle-famille, d’enfants et ainsi de suite. Mais ils peuvent être résolus parce qu’avoir la même religion vous permet d’avoir la même perspective de la vie. Mais dans un mariage interconfessionnel, vous commencez déjà avec un grand défi. Et ensuite, vous rajoutez des problèmes à ce grand défi. Et quand vous avez des enfants, vous avez un déclic. »

« Nous avions décidé au sujet des enfants dès le premier jour, » explique Hamida Jessa qui s’est mariée à un Hindou trente ans plus tôt. « Nous nous étions mis d’accord qu’une fois que nous aurons des enfants, nous les laisserions choisir leur religion. Mais après avoir eu ma fille, j’avais cette terrible sensation de perte, je me disais que je privais mon enfant de son droit de connaître Allah (swt). Quand j’essayais de lui apprendre, mon mari me disait de la laisser tranquille parce que je ne lui laissais pas le droit de choisir ! En lui apprenant alors qu’elle n’avait que 7 ans, je l’influençais. Mais la religion est quelque chose qui doit être inculquée dès le jeune âge. Comment une personne pouvait-elle choisir si elle n’avait rien compris à la religion en question ? »

« Quand mon fils est né, » se rappelle Nasim Dharamshi, « ma dépression s’est empirée. Je ne savais plus où j’allais. J’étais tellement blessée parce que mon mari m’avait trahie et je me demandais s’il m’avait jamais aimée. Si quelqu’un vous aime, pourquoi vous ferait-il autant de mal ? Les enfants ont besoin d’unité et avoir la même religion vous apporte cette unité. J’ai même essayé d’apprendre la religion Ismaéli mais très vite, j’ai réalisé que c’était comme si je régressais. J’en savais tellement plus qu’eux mais ils n’étaient pas disposés à apprendre. Je me suis dit, ‘Je sais que nous sommes sur le droit chemin,’ si je changeais c’était comme si je trahissais Dieu. »

Beaucoup d’intervenants ont révélé que les problèmes qui ont surgi pendant leur mariage et leur lutte pour rester fidèle à l’Islam, ironiquement, les rendaient moins spirituels. « J’étais perdue, » explique Nasim. « J’étais sur un terrain glissant. Ma conception de Dieu était devenue confuse, je Le blâmais. Je Lui disais, pourquoi ne peux-Tu pas arranger cette situation ?

Pour les enfants issus de mariages interconfessionnels, la tâche monumentale de choisir quelle religion suivre devient inexplicablement liée au besoin d’exprimer sa loyauté à chacun de ses parents. Un enfant qui choisit de suivre la religion d’un parent court le risque de voir son choix être considéré comme un acte de trahison par l’autre parent.

Hamida Jessa reconnaît que sa fille de 21 ans vit sous les tiraillements de son cœur. « Elle remarque que lorsqu’elle s’intéresse à l’Islam, le visage de son père change. Il devient silencieux et se renferme sur lui-même. Elle ne veut pas le blesser alors elle lui cache ce qu’elle ressent. Même lorsqu’elle refuse la peppéroni sur sa pizza, la réaction est visible sur le visage de mon mari. Même s’il n’est pas un hindou fervent et qu’il m’a donné la liberté d’être Musulmane, quand il s’agit de notre enfant, je sais qu’il veut qu’elle le suive. C’est la chose la plus pénible que je dois endurer dans ma vie. »

« Même si nous n’avons pas d’enfants, » dit Shaheen Moledina, « je peux très bien imaginer toutes les difficultés que ma fille aurait à surmonter. Elle irait au Madressa et à la Mosquée mais je sais que ma belle-mère voudrait qu’elle apprenne également le mode de vie irlandais. »

« Ma fille est tellement confuse, » soupire Hamida Jessa. « Quand je prie, elle vient et s’assoit près de moi. Elle prend le mohr (sajdagah) dans ses mains et le met sur son visage. Elle prend le tasbih dans ses mains. Et elle me demande, ‘maman, si ta religion est celle qui est vraie, pourquoi es-tu si malheureuse ? Pourquoi les gens qui ne prient pas ont-ils autant d’argent et autant de bonheur ?’ Comment puis-je lui expliquer maintenant alors que son esprit a déjà sa propre vision des choses ? Pour courber un arbre, il faut le faire quand c’est encore un arbuste. Comment puis-je l’aider maintenant ? Tous les jours, je me mets sur le moussalla juste pour pleurer et je pleure en priant pour seulement deux choses dans ma vie, tous les jours : Allah (swt), je T’en supplie, guide mon mari et ma fille. Montre leur la lumière de l’Islam. »

« Comment enseigner deux religions ? » se demande Nasim Dharamshi. « L’une d’elle dit ce n’est pas grave de boire de l’alcool tandis que l’autre dit que c’est haram. L’une dit qu’il faut accomplir le namaz et l’autre dit qu’il suffit de réciter des Douas. L’une demande de rompre le jeûne au Maghrib et l’autre dit qu’il faut le faire à 18h. L’une autorise à fréquenter librement le genre opposé, l’autre ordonne de se couvrir. Je me demande parfois ‘qu’ai-je fait pour que mon enfant aie à subir toute cette pression ?’ J’ai dit à Allah (swt), je remets cet enfant entre Tes mains. Et petit à petit ma spiritualité commença à fleurir et ma force intérieure me revint. »

Après 10 ans de mariage, Nasim Dharamshi, en tenant la petite main de son enfant de 5 ans et demi, passa la porte d’entrée de sa maison. « Je détestais ce mot, divorce. Mais avoir un enfant m’a donné le courage de partir. Je savais que si je restais mon enfant deviendrait un Ismaéli à coup sûr. Si je restais, j’aurais tout perdu, même Dieu. Je remercie Dieu de m’avoir donné le courage de quitter assez tôt parce que plus vous attendez, plus ça devient difficile. Parfois, je me mets en colère contre moi-même. Pourquoi ai-je gâché dix ans de ma vie ? »

« Avoir des enfants a changé nos vies, » dit Philip Worthington. « Nous avons déménagé au Canada parce que nous voulions être dans un endroit où on avait de la famille, une mosquée et un Madressa. Et les enfants en rentrant du Madressa, nous apprenaient ! Je m’asseyais et je faisais les devoirs avec eux et ils m’aidaient à comprendre. Nous avons commencé à prier en famille ! Quand nous sommes finalement allés au Hajj, Fatima et moi, nous nous sommes regardés de façon incrédule : ‘Sommes-nous vraiment là ?’ Et les larmes ont commencé à couler de nos yeux. Et après Karbala…. Ahh quel endroit ! Les Bénédictions d’Allah (swt) continuent à pleuvoir sur nous ; l’argent continue à rentrer ! Nous allons de l’avant, nous ne régressons pas. La vie s’améliore de plus en plus. Je remercie Allah (swt) de m’avoir fait rencontrer ma femme. Je remercie Allah (swt) d’avoir fait de moi un Musulman. Si je devais le refaire, je ne changerai rien ! »


Traduit par une Kaniz-e-Fatéma

 

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